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dimanche 16 décembre 2012

Les 10 choses qui font de Goldorak une série à part (en collaboration avec Vincent Giard)

Illustration: Vincent Giard L'impensable s'est produit: on vient de sortir Goldorak en coffret DVD, d'où vient le nom de Doctorak. Pour ceux qui ne la connaissent pas, c'est une série culte à plus d'un égard. D'abord parce que ce fut un événement télévisuel. Au milieu des années 70, les Français voulant développer le marché de l'animé en France principalement parce que les licenses d'exploitation étaient plus abordables que les séries américaines, achètent et adaptent Grendizer, un spin-off de Mazinger Z, une série à succès qui avait plus ou moins été un échec commercial au Japon. La première diffusion de Goldorak en 1978 crée petit à petit un effet boule de neige qui fera en sorte que la série obtiendra à un certain moment le taux improbable de 100% d'écoute en France. Goldorak fera pour cette raison la couverture de Paris Match. Mais ce succès sera accompagné d'une réaction intense de la part de parents horrifiés par la violence de la série et le style plus réaliste et téléromanesque, résolument éloigné du caractère bon enfant et fantaisiste des dessins animés américains et des séries pour enfants françaises. C'est un peu plus tard que Goldorak sera diffusée au Québec, sur le réseau Télé-Métropole, où elle déclenchera les mêmes passions et les mêmes déchirements (je beurre épais, han!). Goldorak deviendra le canal de déchaînement de tout le moralisme télévisuel d'une génération de parents inquiets et on fera rapidement interdire la série. On la rediffusera en France dans les années 90, mais jamais au Québec. Qui plus est, un coffret DVD a bien été mis en vente au début des années 2000, mais il fut interdit et saisi dans la semaine ayant suivi sa parution pour violation des droits d'auteurs. Énorme succès interdit parce que trop à l'avant-garde de la sensibilité de son époque, Goldorak est demeuré introuvable durant toutes ces années à cause de problèmes judiciaires et n'a circulé que sous le manteau en version piratée.
Tout cela a fait en sorte que Goldorak est devenu une série culte. Mais peut-être pas pour les bonnes raisons. Car sa production est déficiente. La série est loin d'être bien écrite, elle est répétitive et souvent mal calibrée. Mais à cause de ces maladresses et parce qu'on voudrait souvent y trouver plus que ce qui s'y trouve, son écoute peut devenir une expérience kitsch et intense qui ne ressemble à rien. C'est la raison pour laquelle, au moment de sa grande sortie en coffret DVD, j'ai cru bon de préparer vos petits yeux en dressant la liste des....

10 choses qui font de Goldorak une série à part
Dessins de Vincent Giard 


1- Actarus, le personnage principal, est un gros ass.
La série est construite autour d'Actarus et son combat intérieur: il s'est réfugié sur Terre après la destruction de sa planète, mais il a en même temps apporté la menace des forces de Véga qui ont détruit Euphor et menacent maintenant d'envahir la "planète bleue". Mais c'est ici que s'arrête l'empathie qu'on peut avoir pour le prince d'Euphor parce qu'après dix épisodes, on voudrait lui péter la face. Il est d'abord paternaliste et méprisant à l'endroit d'Alcor, lui interdisant systématiquement de sortir combattre les golgoths et quand il lui sauve la vie, ce qui arrive souvent, il lui réitère que c'était trop dangereux au lieu de le remercier convenablement. Dans une émission pour enfants dans laquelle on l'érige en figure d'autorité, c'est jusse pas mal winner. D'autant plus qu'Actarus est ouvertement sexiste et même misogyne par moments, n'hésitant pas à remettre les femmes à leur place quand sonne l'heure du combat. Il est souvent navrant de voir aller la pauvre Vénusia, qui aime Actarus et l'adule comme une adolescente, se faire rejeter froidement sans aucuns égards pour ses sentiments. Lorsqu'elle se montre trop étourdie dans "Le déluge des nouveaux mondes", il la gifle si fort qu'elle en perd conscience. Il en profite alors pour la dénuder (parce que ses vêtements sont mouillés et qu'elle pourrait attraper froid), et on est gêné de constater la profonde déception de Vénusia à son réveil. Mais Actarus, lui, n'est jamais trop étourdi. Sur les 74 épisodes que compte la série on le voit rire aux épisodes 25 et 47, fanfaronner à l'épisode 43 et s'amuser AU POINT DE DANSER à l'épisode 9. Quel joyeux drille. C'est ce que doit penser Alizée, protagoniste de "L'ours polaire", quand il la gifle pour l'encourager à prendre un sédatif. Un gros ass, je vous dis.

Illustration: Vincent Giard 2- Du gros mélodrame!
On ne parle pas ici de ce qu'on voit d'ordinaire dans les émissions pour enfants, du genre se faire péter son jouet par le voisin ou des parents qui se séparent, mais du vrai gros mélodrame digne des animé des années 70. L'épisode le plus cruel à ce titre: "Du sang sur la neige" où une petite fille voit ses parents mourir dans une avalanche la veille de Noël. Si ce n'était que ça... Lorsque les amis d'Actarus la recueillent, elle est paralysée et aphasique à cause du choc qu'elle a subi. La petite fille s'enfuit ensuite du centre et on la voit fouiller la neige de ses mains gelées pour tenter de retrouver une trace de ses parents sous l'avalanche. L'épisode se termine par une sorte de féerie dans laquelle la petite fille voit apparaître Alcor déguisé en Père Noël sur une soucoupe traînée par des reines en bois qui l'emmène dans le ciel voir la nacelle de Goldorak transformée en "château dans les nuages". Les yeux de la fillette s'illuminent un instant, l'épisode se termine et plus jamais on ne la revoit. La vraie magie de Noël, c'est bien que l'épisode ne tire jamais cette conclusion: une féerie n'a jamais résolu un traumatisme. Et on ne sait pas non plus ce qui est arrivé à la petite fille parce que la semaine suivante, on est passé à autre chose et on n'en reparlera plus jamais. J'avoue mal comprendre qu'on ait fait interdire Goldorak sous prétexte que c'était une série violente quand ce genre de scénario est à mon sens tellement plus troublant pour un enfant que vingt minutes non stop d'explosions de robots.

3- Les méchants aussi vivent des situations complexes.
Par exemple, Hydargos, le général extra-terrestre, essuie un revers après l'autre et la pression de ces échecs fait en sorte qu'il se met à boire! On le constate au fil des épisodes, Hydargos n'y croit plus, à cette folle aventure de l'invasion de la Terre. L'armée de Véga s'enlise et entretient une obsession de plus en plus maladive à l'endroit de Goldorak pour ne pas s'avouer que rien ne fonctionne plus sur les autres fronts. Hydargos n'abandonne pas pourtant, par allégeance et soutien pour ses frères d'armes et pour ne pas perdre ce poste de général pour lequel il a tout sacrifié. On ne pourrait mieux exposer les drames que vivent les cadres de la classe moyenne japonais (les salarymen) sur le déclin à des enfants de 8 ans qu'en la transposant sur une armée de monstres repoussants. Très souvent aussi, les rivaux d'Actarus sont des personnages plongés dans des dilemmes cornéliens, attaquant contre leur gré Goldorak qu'ils savent du bon côté de la justice mais qu'ils combattent tout de même pour sauver une soeur, une mère, une planète. Ils finissent par le dire, pleurent de rage et se suicident la plupart du temps. Amers, désabusés, mais soulagés de pénétrer dans la mort avec leurs convictions retrouvées, ils rendent l'âme dans les bras d'Actarus qui maudit une fois de plus Vega et ce noir destin qui est le sien.
La palme des situations matures revient cependant à Horos, le général qui remplace Hydargos. Dans "Tel père, tel fils", Horos voit avec horreur et impuissance son fils mourir en soldat face à Goldorak. Dans un génial retournement de position, Horos et Actarus essaient de décourager le fils de se battre, car son sacrifice serait vain, mais le fils, intégriste de Véga, ne veut rien entendre. L'épisode se termine sur la douleur de ce général ennemi qui n'est plus ni général ni ennemi à cet instant, seulement un père étrivé par la souffrance de devoir survivre à son propre fils. La dernière scène montre cette lettre qu'Horos lui écrivait au début de l'épisode et que son fils ne recevra jamais. Goldorak, c'est pas juste du kitsch spatial.

Illustration: Vincent Giard 4- Néanmoins, les méchants généraux ont des plans ridicules.
L'essentiel des épisodes est consacré à trouver la planque de Goldorak en le faisant sortir par tous les moyens imaginables. Et ces moyens impliquent généralement de kidnapper quelqu'un ou de tout détruire. C'est d'ailleurs l'objet de "l'opération Tous Azimut" de l'épisode "L'île de la peur".
Extrait de dialogue:
Minas: Déclenche l'opération Tous Azimut
Hydargos: Tous Azimut?"
Minas: Exactement! La seule façon de faire sortir Actarus de son trou, c'est de tout détruire. Alors là, il sera bien obligé de se montrer.
Hydargos: C'est une idée géniale. [sic]
Minos: C'est en effet un plan qui peut réussir.
Cette idée n'est pas géniale finalement. Elle sera un échec sur les deux plans: le gens de Véga ne détruiront par TOUT, et n'apprendront pas où se cache Goldorak.
Tout cela sans compter qu'il y a de gros problèmes dans la chaîne de commandement. L'armée de Véga finit véritablement par nous paraître pathétique et ses échecs gênants, surtout quand on se rend compte que leurs défaites répétées tiennent un peu d'un mauvais concours de circonstances. Déjà que sur le front anti-Goldorak, ça stagne pour ne pas dire plus, l'approvisionnement en ressources se tarit après l'effondrement de l'étoile Dynamo et l'explosion des mines de lasernium (j'adore ce mot!) qui provoque la destruction de la civilisation végane. Et, comble du malheur, tout ce qui reste de cette civilisation se replie sur le camp de la Lune noire tenu à ce moment par Minos et Horos, double tête de commandement aussi incompétente que paranoïaque. Non seulement incapables de se faire obéir à des moments-clés, ils complotent aussi lorsque leurs postes sont menacés par des nouveaux venus. Tout cela implante petit à petit dans la série l'idée que Goldorak et Actarus ne sont peut-être pas si héroïques et compétents que ça finalement pour défendre la Planète bleue. Ils se battent contre une armée en déclin et en déroute.

5- Les personnages secondaires ne savent pas se tenir. 
 Banta... Le "moment de détente" comique de l'émission, c'est ce voisin mexicain pataud et gueulard. Mais il commet à plusieurs reprises des actes de harcèlement sexuel à l'endroit de Vénusia. Et ce n'est pas de la surinterprétation. Dans "Attaque sur Perlépolis", on le voit explicitement pogner une boule à Vénusia lorsque leur autobus est aspiré par l'engin de Véga. De son côté, Rigel, le père de Vénusia et de Mizar, est une sorte de vieux cinglé. Bien qu'il soit lui aussi posé comme "comic reflief", son inclusion dans la trame plutôt réaliste et dramatique fait en sorte qu'il apparaît souvent comme un dérangé navrant que tout le monde tolère parce qu'il fait partie de la famille. Il tire sur ses enfants à la carabine à un moment pour leur montrer qu'il sait viser et se saoule tellement à la fête du Nouvel An qu'il s'endort sur la table, devant son fils de 10 ans qui a lui aussi les joues rouges d'ivresse. Tout cela, sans aucunes conséquences morales, ce qui, soit dit en passant, arrive souvent aux Fêtes même dans les meilleures familles. Des comportements navrants sans conséquences, on ne voit pour ainsi dire jamais ça à la télé ou au cinéma. Goldorak: 1, HBO: 0


Illustration: Vincent Giard 6- Venusia et Phénicia. 
 Vénusia fait partie, avec quelques ennemis de Goldorak, des seuls personnages crédibles de la série. La série devient brièvement à travers elle une sorte de roman d'apprentissage qui la voit quitter l'adolescence pour entrer dans l'âge adulte, la complexité des émotions et les conflits intérieurs. Dans l'arc qui la voit devenir pilote au sein de la "patrouille des aigles", Vénusia fait face à une opposition qui met mal à l'aise tellement elle nous place face à des préjugés machistes qui ne sont pas toujours traités comme tels dans le cours du récit. Ce type de récit de la femme qui s'affiche dans un rôle non conventionnel était déjà assez progressiste au milieu des années 70, mais ce qui place la figure de Vénusia à part, c'est la manière frontale avec laquelle sont présentés le sexisme et la misogynie auxquels elle doit faire face. À cette occasion, le professeur Procyon, Alcor, Riguel et bien sûr Actarus, des personnages qui sont partout ailleurs des figures positives, sont ici des vrais beaufs qui cherchent à tout prix à démolir le moral de Vénusia, à la rabaisser, à la ridiculiser. Qu'on ait choisi de présenter de cette manière le récit de Vénusia indique à quel point, pour cette période, dans la mentalité japonaise, cette question du féminisme a pu faire l'objet d'un véritable déchirement, car même si elle s'impose à la fin, la pureté morale des autres personnages prend discrètement un bon coup de fulguropoing. Voilà assurément un bel exemple de polyphonie bakhtinienne: Go Nagai et les scénaristes de Goldorak sont manifestement des conservateurs, mais ils laissent néanmoins s'affirmer à travers le récit une volonté progressiste propre à l'atmosphère de l'époque sans la critiquer ni la démolir. Attention les profs: un petit coup de Goldo au lieu des Possédés de Dostoïevski, ça te redynamise un cours sur Bakhtine le vendredi après-midi. Utiliser avec parcimonie.
Mais Venusia n'est rien en regard de Phénicia, la soeur d'Acatarus qui apparaît au dernier tiers de la série dans un retournement absurde et improbable. Elle se souvient ou pas de son enfance? C'est pas clair, c'est pas clair. On lui pardonne cependant car elle vient complètement redynamiser la série. C'est un personnage flamboyant, aristocrate comme son frère, mais insoumise. En être supérieur, elle réussit dans tout sans efforts et considère ridicule le moralisme et l'obéissance organisée qui règnent au sein de la Patrouille des aigles que dirige Actarus. Qu'est-ce que Phénicia sinon le plus grand personnage nietzschéen de l'animé japonais des années 70? Phénicia, c'est Lou Andrea Salomé à côté de laquelle Actarus n'est rien sinon le dernier homme méprisé par Zarathoustra. Vous pouvez trouver que je pousse l'interprétation, mais comment expliquez-vous alors l'amalgame aigle et serpent cybernétisés qui constitue Golgoth 54, précisément les deux animaux de compagnie de Zarathoustra? Han? Comment vous expliquez ça, Golgoth 54? Comment? 54? Han?
Illustration: Vincent Giard
7- Les amis d'Actarus vivent leur fantasme de science-fiction à fond.
Comme si opérer des robots géants qui combattent des extra-terrestres ne suffisait pas, tout est constamment prétexte à orner le discours des personnages d'expressions technoscientifiques fleuries. C'est à un point où dans l'épisode "Les continents submergés", Actarus court à la pharmacie chercher un flacon de "cosmocilline" pour sauver un cheval, et quand on voit la boîte à l'écran, elle est clairement identifiée "pénicilline". Mais il faut comprendre les personnages. Nous les voyons par la lorgnette de la SF, mais pour eux, c'est la réalité plate d'un présent égal à lui-même qui donne plus un feeling "ingénieur de pointe" que l'impression de vivre dans le futur. Je ferais pareil si j'étais par exemple ingénieur à l'Agence spatiale canadienne. À la cafétéria, j'insisterais sûrement pour qu'on me serve des spatiopatates avec mon pain de viandanium thermolaserisé. Il faut d'ailleurs sur ce point saluer l'adaptation française de Michel Gatineau qui a fait époque et permis à cette série de garder toute sa fraîcheur kitsch. Cet homme avait intimement compris ce qui faisait buzzer les petits garçons qui jouent à l'espace dans une cour d'école.

8- Le farouest du Japon.
Les amis d'Actarus logent à l'improbable "Ranch du bouleau blanc", une propriété située à quelques heures de route de Tokyo, où on vit son idéal de farouest jusqu'au bout. C'est, entre deux attaques de golgoths, le gros plein air, soigner les chevaux, rentrer du foin à la fourche, cavaler en plein orage, recevoir la visite de son voisin Mexicain et cacher des soucoupes volantes dans la grange. Une thématique environnementaliste imprègne fortement l'animé des années 70, on peut comprendre l'idée d'installer les personnages dans un environnement bucolique représentant tout ce que la "planète bleue" peut offrir de mieux.  Mais pourquoi le farouest en plein Japon dans une émission de robots géants et d'extra-terrestres? Parce fucking que.

Illustration: Vincent Giard
9- Les chansons pendant les combats.
Le supposé climax de tous les épisodes est un combat de robots. Mais on ne peut sincèrement être dedans 74 fois en ligne pour la même forme de climax, sans compter qu'il ne serait pas réaliste de s'attendre à ce que les scénaristes arrivent à chorégraphier chaque semaine un combat impliquant émotionnellement. Les combats qui tombent à plat, on en trouve surtout dans la première partie de la série, avant que ne se réveille la blessure cancéreuse au "lasernium" d'Actarus qui deviendra le dramaticus ex machina de la série, le ressort dramatique mécanique mais efficace qu'on ressort inévitablement quand le combat final manque de piquant. Néanmoins, avant l'histoire de la blessure, c'est le spectacle de variétés qui prime dans les intrigues plus faibles, car la production a cru bon de mettre des chansons pendant les combats les moins intéressants. Le son coupe soudainement, la chanson part et le combat devient un vidéoclip qu'on regarde avec détachement, car du point de vue dramatique, il ne se passe franchement rien: on sait que Goldorak va gagner, il faut seulement attendre que son adversaire explose en mille mardes. Mettre une chanson pour suppléer à l'absence d'implication émotionnelle, voilà un geste d'une lucidité étrange. Ce qui n'est pas le cas des paroles des chansons, glorieuses et martiales qu'on dirait sorties du dix-neuvième siècle:

Va combattre ton ennemi
Il est moins vaillant que toi
Goldorak pour notre vie
Je suis sûr que tu vaincras

Toi, le prince de l'espace
Le champion de la Terre
Tu vas sauver notre race
Nous redonner la lumière

"Notre race"! On dirait Basile Routhier. Notre jeunesse meurtrie par des années d'excès de rectitude politique ne se tannera jamais de l'aspect frontal et démodé de ces paroles. ET Goldorak, comme de bien entendu, sauve notre race en faisant tout péter à la fin avec la régularité d'un fonctionnaire de l'agence des services frontaliers.

10- Inceste en vue! 
 La finale est étrange. Apprenant que finalement leur planète d'origine s'en est mieux sortie qu'ils pensaient, Actarus et sa soeur Phénicia décident de quitter la Terre et leurs amis pour aller "reconstruire leur planète" à ce point dévastée qu'il n'y a même plus de végétation. Que dire alors des animaux, des Euphoriens? Comment reconstruire la race? Ils partent tous les deux, sans personne d'autre... hum. Actarus avait bien quelque chose avec Vénusia, et Phénicia, avec Alcor. Dans cette scène finale, on voit pleurer les amis terriens d'Actarus et Phénicia alors qu'ils s'envolent vers l'infini, et on se demande si certains ne pleurent pas de gêne.
Les adieux sont aussi ridiculement courts. Dès que tout a explosé, on pose les astronefs, on se fait la bise et on repart avant que le soleil ne se couche. Euphor, ça n'attend pas. Cette dernière rebuffade de la part d'Actarus à l'endroit de ses amis révèle peut-être finalement l'origine du malaise qui parcourt toute la série: Actarus est au fond de lui un aristocrate, d'une classe sociale irrémédiablement différente de celle des paysans du ranch ou des scientifiques qu'il a connus sur Terre. Lorsqu'il apprend que sa planète est peut-être toujours habitable, il repart peut-être moins pour la repeupler que par attachement pour cette distinction qui lui donne son caractère supérieur. Du premier au dernier épisode, Actarus aura donc été un ass qui a peut-être chanté la "planète bleue" mais ne l'a jamais considérée que de haut, depuis la perspective d'un aristocrate déchu. Il ne l'aurait probablement jamais adoptée si la destruction d'Euphor par Véga avait fait en sorte de préserver les structures sociales qui lui donnaient sa distinction. Bon débarras, prince de l'espace.
Illustration: Vincent Giard Merci encore à Vincent Giard pour les dessins déjantés! Merci aussi à Goldotriomphe dont les analyses épisode par épisode ont accompagné mon écoute.