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mardi 17 septembre 2013

Rentrée mode - Doctorak co. lance sa saison 2013

J'avais... J'avais tellement... J'y étais... J'avais réussi à dégager enfin un petit profit de mes opérations. Mais j'ai tout réinvesti dans du nouveau stock, pour faire cette année des t-shirts plus beaux... Je fais ça pour vous... Faut croire que je fais ça pour... Je dois faire ça pour vous. Sinon pour qui?



J'ai d'abord en t-shirt « Marie Uguay en tutu ». Ça vient de Testament. Vickie voulait tellement qu'on fasse un t-shirt ensemble. Elle a gossé Gabrielle Leila Tittley pour qu'elle lui fasse l'illustration. On avait décidé de la typo ensemble, elle voulait un "lettrage en nuage", et on est arrivé avec ça à la fin. Je n'ai malheureusement eu ni le temps ni l'énergie pour le faire plus tôt. L'image est vraiment belle. Merci tellement Gabrielle!


Ensuite il y a quoi? le t-shirt Zinedine Zviane! Une première collaboration avec une artiste que j'admire et à qui on a déjà donné un prix à l'Académie de la vie littéraire. J'aimerais faire plein de collaborations avec mes idoles de l'âge adulte! Parce que collaborer avec le réalisateur de Bloodsport ou le programmeur de Blaster Master sur Nintendo... il y aurait un malaise.

Aussi cette année, la grosse nouveauté c'est les macarons de 5.7 cm (2 pouces et quart). Tsé une grosseur de macaron syndical ou de festival? Ils sont 4$ et je conseille particulièrement « Ne me parlez pas de mon mémoire/ma thèse », qui prennent graphiquement tout leur sens. Ils sortent tellement beaux qu'on a envie de pleurer... parce que la rédaction n'avance pas.


J'ai aussi travaillé pendant 12 heures sur ce macaron de Josée Yvon pour faire les ombrages d'une typo sur laquelle j'ai médité pendant trois ans. Quand je pense à Josée Yvon, je meurs puis renais dans une fleur plantée dans une canne de tabac à rouler sur le bord d'une fenêtre. Une violette, genre.


La saison est pleine de macarons, comme « Written by Georg Lukacs », « Maria Chapdelaine c'est plate », « Téquila Heidegger pas le temps de niaiser » (aussi en t-shirt), « The Tonight Show with Gilles Hénault », « Cixous and the Banshees » (une idée soumise par un amateur de la boutique) et « André et Nicole ». De tout pour flasher à l'école, à Noël, à la Bibliothèque nationale, ou dans les lancements. Allez lire les microfictions en descriptif, il y en a des bonnes.


Finalement, quelques classiques comme LFCD, Fuck le tact et Kant/Sade sont maintenant offerts en blanc sur t-shirt rouge et certains en noir sur t-shirt blanc, en plus du blanc sur noir toujours populaire.

***

J'ai l'air de déconner des fois avec ça, mais il y a un véritable projet derrière la boutique qui commence à porter ses fruits.

D'une part, du point de vue artistique, je parle souvent de l'importance de saisir les potentialités littéraires de notre époque. On peut faire toute une carrière avec les formes et les genres hérités d'autres époques, mais ce serait en partie passer à côté de ce dont est capable le présent. Trouver les formes de notre époque pour saisir le réel... on ne peut pas sérieusement se considérer comme un auteur si on ne se pose pas au moins minimalement cette question. Je ne sais pas trop quel sens donner à ces microfictions qui accompagnent les produits sur le site de la boutique, mais je sais qu'elles me permettent de raconter quelque chose de mon expérience dans l'institution universitaire dans un rythme plus condensé que celui du roman d'apprentissage et de rejoindre ainsi ceux qui y sont encore; ou encore de tenter d'inscrire dans le présent, souvent par l'ironie, des oeuvres engluées dans la déférence ostentatoire qui les maintient à distance. Je sais aussi qu'un tel type de court texte narratif ou essayistique dans un contexte commercial n'existait à peu près pas il y a tout juste 10 ans. (En voulez-vous une bonne? J'ai eu cette idée en regardant Seinfeld, avec les références au catalogue J. Peterman...)

D'autre part, si Doctorak co. demeure une entreprise commerciale, je cherche tout de même à travers elle une manière de communiquer quelque chose de la vie littéraire, d'une vie littéraire en marge de cette institution (système des prix, de l'enseignement, de la recherche), qui ne sait souvent approcher la littérature qu'en tant que monument, que Nietzsche dénonce dans "De l'utilité et des inconvénients de l'histoire". Quand la mémoire des œuvres, des artistes et du raffinement dont est capable la littérature se trouvent marquées sur le corps de ceux et celles pour qui elle est importante, qu'ils la portent sur leurs épaules (littéralement comme vêtement), c'est l'individu et non l'institution qui en devient responsable. Et lorsque quelqu'un me confie qu'il a dû expliquer qui était Louis-Ferdinand Céline lors d'un voyage de pêche ; quand un Français va lire sur Saint-Denys Garneau après être tombé sur le Louis Ferdinand Céline Dion ; quand je fais découvrir la puissance de L'imagination laïque de Roger Des Roches à un prof de cegep à cause du t-shirt que je porte ; ou quand la madame du bureau de poste me demande de lui expliquer ce qu'est le tact, je me souviens alors pourquoi j'ai fait le deuil de cette chambre où je vis pour un genre d'atelier avec des pots d'encre partout, des raclettes et des soies de sérigraphie et des boîtes de t-shirts, et pour seul mobilier intime un coussin pour travailler, un lit pour dormir et une penderie pour le reste... Je suis mieux de m'en souvenir parce que je finis à chaque année 1000$ dans le trou. Autrement, c'est quand d'abord que je vais pouvoir sourire tendrement à mes petits-enfants en leur présentant une tôle à biscuits pleine de brioches de ciel bleu de chiots qui jouent dans mon bateau de Liberté 55?

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