lundi 29 décembre 2008

Une entrevue filmée avec Bataille

Étonnement, fascination, dire à voix haute "comment ça se fait que je connaissais pas ça": je viens de trouver sur le site de l'INA (l'institut national français de l'audiovisuel) une entrevue de 10 minutes avec Bataille sur La littérature et le mal. Ça m'a fait le même effet que si j'avais appris qu'il existait un film avec Nietzsche, une photo de Sade ou un enregistrement de Rimbaud lisant ses poèmes.

Déjà, il n'existe pas beaucoup de photos de Bataille. Et je pensais que le seul film où on le voyait, c'était Une partie de campagne de Renoir, et on le voit sérieusement pendant 30 photogrammes. Et, même si le rôle lui convenait parfaitement (il joue un séminariste un instant troublé par une femme, jouée par Sylvia Bataille), il trouve le moyen d'être mauvais.

L'entrevue n'est pas forcément meilleure, c'est plutôt dans le détail de sa présence qu'on se découvre une secrète intimité avec lui. Il faut voir la timidité et la nervosité dans ces mains crispées qui ne tiennent pas en place, et, dans les toute dernières secondes de l'entrevue, ce gros plan du visage de Bataille visiblement mal à l'aise, timide, le regard perdu, comme s'il avait conscience de l'imposture de toute entrevue filmée, parce qu'elle dit infiniment moins que le livre et qu'elle ne réussit qu'à capter l'intimité du corps. Comment ne pas penser que ce regard pouvait être aussi celui de Blanchot, distant et effacé, celui qu'ils devaient partager entre eux lors de leurs échanges polis?

Lien vers l'entrevue.

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