jeudi 29 janvier 2009

Les prix de l'Académie de la vie littéraire au tournant du vingt et unième siècle 2008

Je suis allé hier à la conférence de presse dans laquelle ont été annoncés les finalistes au Prix des Libraires 2008 et je suis resté un peu saisi de voir comment les gens prenaient ça au sérieux, les finalistes comme les non finalistes. Et comme je prends moi-même ma carrière littéraire très au sérieux et que, malheureusement, Vu d'ici n'a pas été retenu, j'ai décidé de fonder moi-même mon Académie qui remettra des prix. L'objectif de l'Académie de la vie littéraire au tournant du vingt et unième siècle est de décerner des prix pour des livres qu'elle apprécie et qui, pour toutes sortes de raisons, ont moins de chances que les autres de gagner ailleurs.
La constitution du jury s'est faite dans les règles de l'art, c'est-à-dire qu'elle regroupe des professionnels oeuvrant indifféremment dans le milieu littéraire et/ou universitaire, ils peuvent être des auteurs publiés, des artistes de la scène, des postdoctorants, des membres de comité de rédaction de revues qui ont au moins un numéro de publié, etc. L'Académie pourra fournir la liste complète des membres du jury sur demande. Veuillez noter aussi pour des raisons de contraintes de temps, certains des livres primés ont été seulement feuilletés ou encore n'ont carrément pas été lus par le jury.

Alors sans plus de préambule, voici les lauréats 2008 des prix de l'Académie de la vie littéraire au tournant du vingt et unième siècle 2008!

Le prix André-Ferron est décerné à François Blais pour Le vengeur masqué contre les hommes-perchaude de la Lune, Hurtubise HMH, 2008.
Le prix Guy-Delahaye est décerné à Patrick Lafontaine pour Homa sweet home, Le Noroît, 2008.
Le prix Todd-Slone est décerné à La Conspiration dépressionniste pour Québec ville dépressionniste, Moult Éditions, 2008.
Le prix du Lait/François-Tourigny est décerné à Maxime Raymond pour Je pense que ce recueil s'adresse à toi, Ta mère, 2008.
Le prix Marie-Eva-de-Villers est décerné à Marie-Claire Blais pour Naissance de Rebecca à l'ère des tourments, Boréal, 2008.
Le prix Marie-Claire-Blais est décerné à Marie-Claire Blais pour Naissance de Rebecca à l'ère des tourments, Boréal, 2008.
Le prix Marie-Claire-Blais-est-décerné-à-Marie-Claire-Blais est décerné à Rebecca Allaire pour Naissance des Tourments, Boréal, 2008.
Le prix du Gouverneur spécialisé est décerné à Mathieu Bergeron pour La suite informe, Le Quartanier, 2008.
Le prix Jean-Marc-Cormier est décerné à Anick Fortin pour Journal intime d'une pute conforme, Éditions Trois-Pistoles, 2008.
Le grand prix de la relève Steinberg (anciennement prix Dominion, anciennement prix Dupuis-Frères) est décerné à Marc-Antoine K. Phaneuf pour Téléthons de la grande surface, Le Quartanier, 2008.
Le prix Rush-Papier-Ciseau/Patricia-Lamontagne est décerné à Stéphane Ranger pour Plusieurs excuses, Ta mère, 2008.
Le prix Bill-Readings est décerné à Terry Cochran pour Plaidoyer pour une littérature comparée, Nota Bene, 2008.
Le prix Janet-Frame est décerné à Marie-Hélène Cabana pour "le souffle", texte publié dans le collectif Les Chats - Textes griffés, Rodrigol, 2008.
Le prix Antonia-Nantel-la-femme-d'Athanase-David est décerné à Laurent Lussier pour Fables saucisses, La maison Rex, 2008.
Le prix de Mont-Schärr est décerné à Myriam Cliche pour Fleuve russe pour L'Oie de Cravan, 2008.
Le prix Louis-Geoffroy est décerné à de Maxime Catellier pour Blancs de neige, L'Oie de Cravan, 2008. [Mets ton catalogue à jour, Benoît Chaput!]
Le prix Amos-d'Aragon de littérature fantastique et d'anticipation est décerné à Bertrand Laverdure pour Lectodôme, Le Quartanier, 2008.
Le prix Marie-Paule-Grimaldi pour un recueil non encore publié est décerné à Jocelyn Thouin pour [titre non disponible].
Le prix Shawn-Cotton pour un recueil non encore écrit est décerné ex aequo à Virginie Beauregard-Dyotte et Rose Éliceiry pour [titre à venir] et [titre à venir], respectivement.
Le prix Virginie-Beauregard-Dyotte/Rose-Éliceiry pour un auteur n'ayant pas encore écrit n'a pas été décerné cette année.

Malheureusement, Vu d'ici de Mathieu Arsenault, n'a été retenu pour aucun prix, bien qu'il ait été pré-finaliste au prix Marie-Eva-de-Villers qui souligne l'excellence et le dépassement en matière de ponctuation. C'était, il faut le dire, une année exceptionnelle pour la littérature et l'Académie ne pouvait quand même pas honorer tout le monde.

Félicitations à tous les lauréats.

lundi 26 janvier 2009

Mathieu A., en l'an 2037

Petit à petit le calendrier de mon compte Yahoo m'est devenu indispensable parce qu'il me permet de m'envoyer des courriers pour me prévenir des rendez-vous que j'ai.
Or, en niaisant dessus, j'ai voulu voir jusqu'où le calendrier allait. Et comme à force de cliquer j'étais rendu en 2037, et que c'était long, je me suis dit que, tant qu'à être rendu aussi loin, pourquoi je m'enverrais pas un petit message de bonne fête pour mes 61 ans?
Alors je commence à rédiger... Qu'est-ce que je pourrais bien me dire? Après cinq minutes, je suis arrivé avec ça:

Bonjour,
Est-ce que je suis encore avec rosemarie? J'ai eu une idée l'autre fois: je pourrais enregistrer un album de génériques d'émissions pour enfants dans un style vieux crooner. "La nuit descend candy s'endort" avec une voix graveleuse, ça pourrait être amusant. Bye.
C'est pas super. Mais qu'est-ce que je pourrais bien dire à ce vieux monsieur-là? Je le connais pas, j'ai même aucune idée de ce qui va lui arriver à partir de mardi passé (parce que, pour compliquer les choses, j'ai écrit cette note le 20 janvier et qu'elle ne sera publiée automatiquement que le 26). Peut-être que c'est un vieux con, peut-être que c'est moi en version améliorée. J'aurais pu aussi me ridiculiser en lui racontant des affaires comme "en tout cas men, j'espère que tu continues de porter des t-shirts pis des converse" ou "la sarrazin du cheval blanc!" ou "Daedelus pis Mononc'Serge, écoute ça mon gars!", mais ça me fait trop peur de penser qu'à 61 ans j'ai une chance de trouver ça niaiseux et que par là, j'aurai trahi mon moi présent de 32 ans. Parce que j'ai quand même déjà bassement trahi mon moi de 16 ans, et ce, sans aucun remords, lui qui avait juré qu'il aimerait les Doors toute sa vie pis de jamais avoir les cheveux court. Mais d'un autre côté, j'aimais autant les Cités d'or et j'écrivais des affaires drôles dans les marges des mes cahiers, alors j'étais pas si nul que ça. Je serai peut-être pas si con que ça à 61 ans.

Mais ça change rien au fait que j'ai pas grand-chose à dire à Mathieu A.+29. Tout ce que je pourrais raconter d'autre, c'est des petits moments nostalgiques, et même si c'est des choses que j'aime raconter, j'aime pas beaucoup l'idée de partager ça, même pas entre moi et moi-même. Ç'a juste une chance de me faire pleurer parce que ma belle jeunesse va être terminée et elle aura pas été si folle que ça. Et ça me rend triste maintenant de penser que je pourrais me faire pleurer dans 30 ans.

En plus, j'aime pas ça qu'on me souhaite bonne fête, et je suis pas sûr qu'à 61 ans ça va s'améliorer. Ah j'aurais pas dû faire ça. Fuck you mathieu-à-61-ans.

Sébastien Lacroix m'a dit aussi hier (donc lundi, le 19 janvier): "t'as aucune chance de jamais recevoir ce message-là parce que dans le futur tout le monde va être sur Gmail." C'est une dystopie désagréable, parce que moi j'aime bien mon calendrier Yahoo.

vendredi 23 janvier 2009

La journée culturelle

Aujourd'hui:
1- aller à la bibliothèque nationale voir l'exposition "Graphzines et autres publications d'artiste", mais se retrouver à lire le livre de recettes de Patof;

2- aller à la galerie de l'UQAM voir une machine à chier, se demander si l'utiliation de l'agar venait suppléer à l'absence d'absorbtion des nutriments en ce qui concerne la consistance du produit final;

3- aller au Future Shop se demander si un routeur est la même chose qu'un ethernet hub. Ne rien acheter finalement;

4- aller dans une librairie cheap du centre Eaton demander à un pauvre libraire s'ils ont sur les rayons la réédition Slatkine Reprints de la Pucelle de Chapelain - ah non, vous l'avez pas? C'est pas grave on va aller chez Archambault, c'est juste dommage de penser que vous allez perdre une vente, bonne journée;

5- devant une pub du Garage, se demander comment LOL est passé de vouloir dire "se rouler à terre" à "hé hé, drôlatique", à juste une manière peu pratique de remplacer, genre, six points d'exclamation, qui en étaient venus eux-mêmes à remplacer le point ordinaire; quand s'arrêtera cette folie?

6- manger une egg roll à la "foire des gourmets" du centre d'achat en me rappelant que quand j'étais petit c'était mon mets préféré, et me rappeler tout de suite après que j'ai déjà failli vomir une nuit où j'étais allé coucher chez Sébastien Gonthier en 6e année. En pleine panique, je voulais seulement me sauver et je me suis jeté sur la porte d'entrée. J'étais en train d'essayer de débarrer la porte quand la maman de Sébastien est venue me chercher. On avait mangé des egg rolls congelés. J'ai plus jamais dit après que les egg rolls c'était mon mets préféré;

7- prendre la résolution de dire le mot "mets" le plus souvent possible à partir de maintenant;

8- Pop rocks.



LOL.

mardi 20 janvier 2009

La boutique souvenir de la guerre au terrorisme

À l'heure où le monde entier doit tristement dire aurevoir à ces années folles de la guerre américaine au terrorisme, aux humiliations de prisonniers et aux massacres gratuits de civils, n'oubliez pas de passer par la boutique souvenir où vous pourrez trouver de merveilleux cadeaux à conserver pour vos petits-enfants, comme une boule à neige de Dick Cheney détruisant des documents incriminants, une poupée d'Abdul l'amputé ou cette sympathique jarre à biscuit des beaux jours d'Abu Ghraib.

Ô ironie politique facile, cynisme spontané, impudence primesautière, vous étiez comme pour nous une deuxième nature et maintenant, on dirait que vous marchez plus super bien. Astheure on dirait qu'il faut se forcer pour en faire. Vous allez nous manquer. Bye bye.

Lien vers America The Gift Shop.

samedi 17 janvier 2009

Les 2000e meilleurs artistes du monde

Que vaut l'art québécois? Pas grand chose à en croire les données d'Artfacts.net. Le site présente en temps réel un palmarès dynamique de tous les artistes présents dans sa banque pour créer un genre de top 55 000 (!) de l'art mondial. La hiérarchisation est construite à partir d'une méthodologie complexe qui accorde à chaque artiste une cote établie en fonction de sa visibilité internationale dans le réseau des musées et des galeries elles-mêmes cotées en fonction des meilleurs artistes qu'elle présente. Ainsi, pour marquer des points, il faut faire des expos solo dans les musées possédant les plus grandes collections, se retrouver dans des expos collectives avec des artistes mieux cotés et être représenté par le plus de galeries commerciales. À l'inverse, une expo dans un musée régional ou une performance unique dans une biennalle ne fera pas monter la cote sur Artfacts. Malgré qu'on puisse remettre en question les critères d'objectivité d'un tel système, ce qui demeure fascinant, c'est la possibilité de maintenir un hit-parade dynamique d'autant de noms au sommet duquel trônent Warhol, Picasso Bruce Nauman, Gerhard Richter et Joseph Beuys. Et c'est quand même un sain divertissement de voir fluctuer les noms au fil des mois: par exemple, Yoko Ono vient de faire un bon de +17, en 68e position, dépassant Pollock qui demeure stable en 73 position, alors que Matthew Barney est en chute libre, ayant perdu 19 places, etc. Et que dire de Latifa Echakhch, une jeune post-déconstructiviste marocaine dont une présence à la Tate lui a permis de faire dernièrment un bon de 5000 positions? Que dire en effet, sinon qu'elle rattrape dangereusement Betty Goodwin et Pascal Grandmaison qui, respectivement en 2510e et 2661e position, sont les deuxième et troisième artistes québécois les mieux cotés sur Artfacts.
C'est pas les gros chars. Quand même, une chance qu'on a Riopelle, le 1872e meilleur du monde entier, juste derrière Inaki Bonillas et Georg Winter, dont je défie un seul lecteur de mon blog de me dire qu'il les connaissait déjà.
On pourra être surpris des résultats, on pourrait même contester la méthodologie d'Artfacts.net si ça nous amuse, mais il reste que le choc provient surtout de s'apercevoir à quel point la culture québécoise est une énigme, une question posée au reste du monde. Comment un peuple occidental peut-il être aussi passionné par la grandeur de sa culture en même temps que celle-ci demeure inconnue, ignorée du reste du monde? Car ce qui est vrai pour l'art contemporain l'est aussi pour la littérature et la musique savante (maudit nom laid) (alors qu'on s'en tire moins mal avec la télévision, le cinéma et la musique populaire, quoique nos perceptions ne sont pas exemptes, là aussi, de distorsions).
Ce qui me fascine, ce n'est pas de n'apparaître nulle part, c'est plutôt qu'on s'accroche à cette idée que nous avons, que nous devons avoir, contre l'avis de tout le monde, une culture artistique, musicale et littéraire, et qu'à cause de ce différend que nous avons avec le reste du monde, cette impossibilité de nous entendre sur le statut à donner à nos artistes et à notre culture, la valeur qu'on peut leur attribuer se trouve suspendue. Ce qui me fascine, c'est l'idée que, pour une majorité de gens, Riopelle mérite sa 1872e place et qu'il ne suffise pas de dire que si nous on aime ça beaucoup, ça vaut plus. On peut alors adopter l'attitude progressiste que la politique culturelle québécoise a choisi d'adopter: travailler à diffuser notre patrimoine à l'échelle internationale en attendant que ça paie. Mais on pourrait aussi retourner cette situation sur elle-même et troquer l'attitude progressiste pour une attitude qu'on pourrait appeler "tragique" en nous forçant à repenser notre rapport à la valeur, au sujet, à l'histoire, en cherchant ce que la singularité de cette position pourrait nous permettre de dire que personne d'autre ne peut penser. Nous sommes peut-être l'inconscient de la culture européenne, ou plutôt sa mauvaise conscience de l'Occident, une annexe de mauvaise humeur dans son histoire. Que peuvent dire les fantômes sur cette réalité à laquelle ils appartiennent mais dont ils sont pourtant exclus?

Je donne les résultats de ma petite recherche des artistes québécois sur Artfacts.net. Les + et les - indiquent si leur cote a monté ou descendu depuis le dernier recensement.

1872 - Jean-Paul Riopelle
2510 - Betty Goodwyn
2661 + Pascal Grandmaison
2994 - Geneviève Cadieux
3501 - Alfred Pellan
3662 - Rober Racine
4148 + Paul-Émile Borduas
4221 - Yves Gaucher
4728 - Guido Molinari
6859 + Marcelle Ferron
7282 - Jacques Hurtubise
7569 - Nicolas Baier
8316 + Jean Paul Lemieux
8695 + Isabelle Hayeur
9379 - BGL
9877 - Pierre Ayot
9887 + Jocelyn robert
Tex Lecor ( non répertorié)

lundi 12 janvier 2009

Juge à l'annuelle de slam


Carl Bessette m'a demandé d'être juge à une soirée de slam qu'il organise. Il change la formule: les juges sont choisis d'avance et tout le monde passe en deuxième ronde. Je m'étais dit: all right, je vais enfin pouvoir être impitoyable! Je vais mettre des 3,2, des 2,5, des 4,8! Je vais penser à tout ce que j'ai entendu de mieux dans les soirées et noter tout le monde à partir de ce mieux-là, pour qu'ils se forcent un peu!
Et puis quand j'ai vu la liste des participants... Fuck men... Il y a au moins trois meilleurs ever, et les autres sont pas loin derrière. Comment je vais faire? Y auait pas moyen d'en mettre un ou deux vraiment mauvais la prochaine fois pour qu'on se défoule un peu?

En tous cas ça promet d'être une des meilleures soirées de lecture depuis un bout à Montréal. Et c'est ce soir:

Lundi, 12 janvier, 20h
À l'Alizé 900, Ontario Est
Avec entre autres: Queen Ka, Jean-Philippe Tremblay, Jocelyn Thouin, Shawn Cotton, Virginie Beauregard, Mario Cholette, José Aquelin
5$

L'image est en référence à un livre paru chez VLB l'année dernière qui, de n'importe quel côté qu'on le retourne, abaisse pathétiquement les standards de publication.

samedi 10 janvier 2009

Profession: philosophe

Le Wall Street Journal présentait plus tôt cette semaine un article sur les 200 domaines professionnels les plus enviables aux États-Unis, tels qu'établis par CareerCast.com, un site de recherche d'emploi. Les critères d'évaluation, fondés sur l'environnement de travail, le revenu, de perspectives d'emploi, l'effort physique et le stress, sont tout ce qu'il y a de plus attendu. Mais la surprise vient des résultats: si on n'a pas trop à s'étonner des premiers au classement (mathématicien, actuaire, statisticien, biologiste), on trouve en 12e place le métier de philosophe! Je me dis comme ça qu'il doit sûrement y avoir une erreur, alors je creuse et je trouve la définition de tâche du philosophe selon CareerCast.com:
Studies questions concerning the nature of intellectual concepts, and attempts to construct rational theories concerning our understanding of the world around us.
Wow, je me dis, ça me plaît, ça. J'ai quand même une petite base en philosophie du 20e siècle, j'ai un bon fond en post-structuralisme et je suis quand même à l'aise avec les principes de base de l'herméneutique post-heideggerienne. Je me dis que je pourrais toujours me recycler, parce qu'écrivain, dans le même palmarès, c'est dans la grosse moyenne, 93e sur 200, entre opticien et "cosmétologiste" ("creates hair styles, and advises clients about caring for their hair between appointments"). Philosophe, en plus, ça te donne un salaire de 58 200$ par année et on travaille en moyenne 45 heures par semaine. Alors là, je suis vraiment fébrile et je clique rapidement sur le bouton "Find this job". À moi la belle vie, la job importante, la grosse paie !

Et sur la page où je suis amené, tout de suite on m'annonce que 4912 postes sont à combler aux États-Unis en "Philosophy Jobs" Victoire! Je suis peut-être à un seul clic de mon nouveau rêve professionnel! À moi les nouveaux défis à relever dans le domaine de la construction de théorie rationnelles concernant la compréhension du monde qui nous entoure!

Et puis quand on lit, on se rend compte que les États-Unis ont en fait besoin de... seulement deux philosophes pour le moment... À la troisième offre... à la troisième maudite offre d'emploi, on demande un ingénieur qui comprenne la philosophie du "design for development and upgrade of generators and related auxiliary systems"... À la quatrième, c'est pire. On demande un superviseur des transports qui sache développer et promouvoir une philosophie de collaboration en équipe... Et ma petite base en herméneutique? Ah, elle pourrait peut-être me servir au YMCA de Mukilteo, WA, car on demande un lifeguard capable d'interpréter la philosophie du programme aquatique de l'établissement. Mm... Le seul problème, c'est que j'haïs ça passer mes journées en costume de bain.

Tout compte fait, je pense que je vais rester avec auteur. Après tout, on gagne quand même en moyenne 52 281$ par année. Oh, c'est pas les gros 58 000$ de philosophe, mais c'est quand même respectable. Il y a d'ailleurs une offre à la pharmaceutique Novartis Global pour un
lead author of the Confirmatory and/or Life-cycle management Clinical Development Plans (C-CDP & L-CDP) aligned with the Target Product Profile, individual protocols consistent with CDP".
Yes! C'est tellement déjà là-dessus que je travaille dans mon prochain projet de livre!

Quant à vous, si vous êtes capables de philosopher en costume de bain, vous pouvez appliquer pour la job au YMCA! Voici le lien.
Cependant, je peux pas vous envoyer le lien pour le poste chez Novartis. Comprenez que beaucoup d'auteurs lisent déjà mon blog, qu'on vit des temps difficiles et que je veux vraiment pas compromettre cette chance unique de me réaliser en relevant ces nouveaux défis.

mardi 6 janvier 2009

Un film d'Henri Michaux

L'autre jour c'était un film avec Georges Bataille, mais que dire d'un film d'Henri Michaux sur la drogue? Ubuweb a mis en ligne récemment un film éducationnel sur les drogues psychédéliques financé par l'excellente compagnie pharmaceutique Sandoz qui nous a donné, entre autres, le LSD.

Malheureusement, on ne le voit pas dans le film, car c'est connu, il n'existe qu'une seule séquence filmée de Michaux, présent dans la salle du Collège de France pour une conférence de Borgès. À 84 ans avec des super de grosses lunettes fumées, c'est un vieux cool qui a l'air en pleine forme. Il mourra l'année suivante.

En revanche, on l'entend, et il commence par se plaindre que le film qu'on va voir sera pas intéressant comparativement à l'expérience qu'il tente de décrire. Et ça fait quand même du bien à entendre, parce qu'on finit par nous servir un bon quinze minutes de ces séquences de kaléidoscope psychédélique à vous écoeurer de n'importe quel état second. Autre séquence troublante: à la moitié du film, pendant quelques secondes apparait en gros une fenêtre de MacOS "allow or deny connection". Compte-tenu que le film a été fait en 1964, serait-ce une confirmation des pouvoirs prophétique des psychotropes? Et cette connexion que l'on devrait permettre ou refuser, a-t-elle un lien avec celles dont parle Castaneda?

Les dernières minutes sont cependant délirantes, comiques en même temps qu'étranges, parfois hyperesthétiques et d'autres fois grossièrement allégoriques. Comme film c'est n'importe quoi, mais il faut reconnaître que tous ces attributs correspondent assez bien à l'enfer confus d'avoir trop mangé trop de muffins au pot parce que t'avais faim d'avoir déjà trop fumé avant et que tu savais pas quelle quantité ils avaient mis dans le mélange à muffin... Et je voulais dire aussi que c'est pas une bonne idée de partir tout de suite après du party pour s'en aller dans un bar, de rester cinq minutes ou dix heures, tu sais plus, et de croiser en revenant plein de polices et une ambulance autour d'une cycliste en robe rouge couchée dans la rue qui s'est fait frapper par une auto et d'écouter après des Passe-Partout avec ton coloc en lui promettant de construire le lendemain un tableau des légumes sur le mur de la cuisine comme dans Alakazoo... Ça fait faire des rêves comiques en même temps qu'étranges, parfois hyperesthétiques et d'autres fois grossièrement allégoriques... 1996, l'année de tous les excès.

Je dois dire aussi que je suis resté un peu surpris de la voix de Michaux, si c'est bien la sienne.

Lien vers Images du monde visionnaire de Henri Michaux et Eric Duviver.
Également: lien vers le reportage où on voit Michaux (et, accessoirement, Borges).

samedi 3 janvier 2009

T-shirt anti-terroir

Parce que le terme "anti-terroir" (il est de Michel Laurin, je pense) est full débile écoeurant, il mérite son t-shirt. Quel design est le mieux?

Fait intéressant: j'ai trouvé mon idée de design en visionnant un extrait de Manuel en transit. Manuel Hurtubise, t'es tellement, totalement, anti-terroir. Bon, Kim et clip aussi (un rip-off peu inspiré de Bibi et Geneviève), mais le but c'est quand même de les porter, les designs.

Appendice A: je viens d'ailleurs de réécouter un épisode de Kim et clip en ligne, et c'est difficile de faire plus plate. Félix et Ciboulette étaient franchement mieux.

Note: pour revenir au design, si c'est le 1, je pense peut-être trouver une caractère un peu moins large pour les gras.

Alors?