mardi 28 avril 2009

La culture classique 1

Il faut se rendre à l'évidence, la littérature s'achève. Qu'est-ce que vous voulez qu'on y fasse. Elle ne demeure en place que par des institutions faites de professionnels et de fonctionnaires au salaire de misère qui lisent parce que c'est leur travail et la fonction qui leur donne un pseudo-rôle social.

C'est donc par désespoir de me rendre compte que la passion pour la littérature est rendue à zéro que j'ai décidé de vous monter un petit programme de lecture. Je vais donc dans les prochaines semaine recommander des textes en ligne et les accompagner d'un petit commentaire destiné à raviver la flamme de ce couple en péril, c'est-à-dire la littérature et vous, lecteurs de blogs gavés de jeux vidéo, de cinéma de genre, de téléréalité, de LOLCats et de clips de monde qui se bêche en bicycle.

Je voulais d'abord faire un espèce de top 100 des incontournables à lire, mais c'est le genre de liste qui ne sert qu'à remplir les bibliothèques, à nous faire dire "ah ça je l'ai lu et ça je l'ai pas lu et ça je suis pas d'accord et tiens il a oublié celui-là et comment est-ce qu'il a pu l'oublier", etc., et finalement ça fait pas lire plus. Alors ce sera bien arbitraire mais intéressant je l'espère. Et puis je me suis forcé pour faire un petit design spécial pour chaque auteur, on en fera peut-être des t-shirts un jour.

Et puis vous aurez pas l'excuse d'être trop vedge pour aller à la bibliothèque ou à la librairie parce que tout ce dont je vais parler est disponible gratis en ligne et à la fin je vais même donner le lien.

Alors on commence par le début: L'Odyssée d'Homère.


Peu de gens le savent mais la grande bataille qui a décidé de la forme de la littérature occidentale a été celle qui a opposé Homère à Hésiode. Et manifestement, c'est Homère qui a gagné parce que Les travaux et les jours, c'est pas souvent monté au TNM. Et pour cause: Les travaux et les jours c'est un recueil de morale, qui nous convainc des bienfaits du travail de la terre et qui décrit la joie de vivre honnêtement parce que la démesure et les excès nous font tout perdre. Les seuls qui ont pu se reconnaître là-dedans, c'est les romanciers du terroir du 19e siècle et plus personne se souvient d'eux et c'est pour le mieux.

Dans L'Odyssée, il y a des batailles, des naufrages, on se fait séduire, on se fait transformer en cochons, on arnaque les cyclopes niaiseux et à la fin on tue tout le monde.
Hésiode est donc à Homère ce que Driving Miss Daisy est à Total Recall. On pourrait faire un autre parallèle entre Ulysse et Douglas Quaid incarné par un Schwarzenegger monolithique: il n'y a aucune psychologie nulle part, seulement des passions et des dieux qui jouent sur les nerfs des hommes. C'est la même chose dans le théâtre grec, c'est la même chose partout: on se trouve tellement déstabilisé par l'impénétrabilité des personnages qu'on finit comme malgré nous par leur en attribuer une. Mais on ne devrait peut-être pas: les personnages grecs ne sont que des ombres pour les dieux comme pour les hommes, il n'y a rien derrière. Et nous nous retrouvons plus seuls encore que les Grecs face à ce spectacle, parce que nous n'avons même plus les dieux pour remplir ce vide immense qu'est l'univers. Nous restons seuls devant l'écran du récit au moment où Ulysse dit au cyclope : "Mon nom est Personne. Mon père et ma mère et tous mes compagnons me nomment Personne." Et puis là c'est très drôle parce que le cyclope est vraiment con: "Ô amis, qui me tue par ruse et non par force? Personne."

Lien vers L'Odyssée d'Homère.

5 commentaires:

  1. Rose Van den Kaarlos28 avril 2009 à 22:37

    Hahahahah trop drôle ! J'avais oublié le conflit Homère/Hésiode .... dans mon cours de littérature classique le prof n'avait pas daigné nous distribuer ne serait-ce qu'un cours extrait de l'illustre ''travaux et jours'' ... peut-être qu'à Hérouxville ils seraient en mesure d'apprécier ce chef-d'oeuvre à sa juste valeur !!!

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  2. Euh, Ulysses, c'est pas Joyce? Alors, qui c'est, L'Odyssée? Hum. (Foul ball?)

    J'ai lu l'Odyssée quand j'avais la mononucléose. Le Divine comédie aussi. Morale de cette histoire : ce n'est pas la littérature qui rend malade, mais la maladie qui rend lettré.

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  3. Patrick: Oomph! [direct en plein dans le ventre] Je corrige tout de suite.

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  4. Ça vaut le détour. L'Odyssée, ça finit comme Rambo: First Blood.

    Traduction Babel s'il-vous-plaît. Frustre, âpre, presque sale.

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  5. À part Leconte de Lisle, je connais pas trop les traductions. Mais plus y a de sang, meilleure la finale.

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