samedi 30 janvier 2010

Haikai de code 3 - L'album Super Collider

L'histoire avec les démos de 64K c'est fascinant, et j'aurais aimé mettre la main sur un code de Demo 64K, mais 1) j'en ai pas trouvé et 2) de toute manière, c'est comme un roman, c'est pas en le feuilletant qu'on pourrait en déceler la beauté immémoriale. Et comme nous, les esthètes pas technique pour deux cennes, on comprend déjà rien au langage machine, on est plutôt loin de pouvoir apprécier la beauté de la partition qui met ces chef-d'oeuvres en mouvement. Mais ma revue de musique préférée, The Wire, a mis en ligne il y a quelques temps un album intitulé sc140, à partir duquel on peut avoir plus directement l'expérience esthétique d'un code pur. Parce que le code entier dans lequel se trouve contenues toutes les indications d'exécution de la pièce est tellement court qu'ils en font fait le titre de la pièce lui-même. C'est dire si c'est construit avec presque rien. Ainsi, la première pièce s'intitule:
localout.ar(a=combn.ar(bpf.ar(localin.ar(2)*7.5+saw.ar([32,33],0.2),2**lfnoise0.kr(4 play//#supercollider
Sans connaître le langage dans lequel cette pièce est écrite, on peut tout de même en capter certains éléments qui nous permettent de comprendre sa construction: "saw" renvoie à la forme d'onde utilisée, tandis que "lfnoise0" m'apparaît faire référence au filtre à basse fréquence qui permet d'instaurer la modulation. On entend d'ailleurs claquer la résonance du filtre tout au long de la pièce.

Mais ce qui est fort, c'est que le nom de la chanson, c'est la chanson elle-même. En matière de paradoxe, on est carrément dans Alice et son dialogue avec le cavalier, quand le cavalier essaie d'expliquer à Alice que la chanson qu'il veut chanter s'appelle "Comment s'y prendre" mais que la chanson elle-même, c'est "Assis sur la barrière". Ça me tue à chaque fois.

Mais mis à part cet exploit, la contrainte de sc140 est d'actualité: le code devait faire moins de 140 caractères, soit le nombre de caractères d'une entrée sur Twitter. Comme l'application qui reçoit ce code est destinée à l'électroacoustique, la musique est elle d'une beauté qui mêle répétition et variation, une beauté analogue (devrait-on dire digitale?) à celle des Demo 64K.
"My granny might raise her eyebrows if I gave her sc140 for Christmas, but if yours is the Aphex Twin type, then she'd definitely love it."
-Dan Stowell, curateur du projet
Lien vers l'écoute en ligne de l'album sc140.

1 commentaire:

  1. ah!! belle référence!!
    merveilleuse musique!!!

    la numéro SC140/11, en passant, est "harmoniquement juste" ie c'est-à-dire: "non-tempérée"

    encore plus beau!!!

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