1-Le ciel de Bay City
En tant que jeu de patin à roulettes, Le ciel de Bay City n'a peut-être pas la fluidité de gameplay de la série des Tony Hawk, mais est nettement sauvé par l'atmosphère étouffante qui y règne et contraste violemment avec le côté décontracté des objectifs à atteindre. C'est donc sur un fond de ciel mauve et menaçant et à travers un brouillard de cendres que le joueur devra exécuter ses combos, perfectionner ses grinds et débusquer dans l'aire de jeu les lettres qui formeront les mots "juive", "holocauste" ou "culpabilité". L'intrigue est aussi captivante que les défis à relever. Comment oublier le fantôme des grands-parents, cette maison familiale qu'on ne peut quitter, la finale déroutante?
2-La bête lumineuse
Se positionner au bon endroit, viser, tirer, "pas dire un christ de mot", rien n'est simple dans ce jeu de chasse à l'arc où les bonnes prises sont rares. Mais les mini-jeux au camp de chasse (callage, calage, pleumage, etc.) qui ponctuent les aventures en forêt sauvent amplement la mise. On ne se lassera pas des meilleures missions : attraper les pintades, unlocker Laurier pour construire la table, lire le poème écrit sur le papier même de notre aliénation. L'idée de remplacer la trame sonore par les dialogues du film était une excellente intuition: leur répétition au fil des quelques 30 heures nécessaires pour terminer le jeu n'est jamais lassante. Attention de ne pas tirer Bernard!
3-François Marc Gagnon's SimArt moderne
On n'a aucune idée de la difficulté de se doter d'une véritable tradition d'art moderne avant de jouer à ce sublime simulateur historique. Gérer ensemble les artistes qui s'exilent en France, les galeries et les manifestations d'art public réprimées par les autorités de même que les réticences à implanter des postes en art québécois dans les facultés d'histoire de l'art s'avère une entreprise ardue mais qui en vaut nettement la chandelle: la carte de Montréal qui scintille de toutes les galeries qu'on aura réussi à implanter de même que de voir exploser la carrière internationale de ces peintres qu'on aura créés est une expérience inoubliable. Le générateur aléatoire de tableaux automatistes est également une addition ingénieuse.
4-Le vaisseau d'or
Ce RPG recèle tout ce qu'on peut attendre d'un grand classique et même plus. Que ce soit le combat épique contre la déesse Gretchen la pâle dans sa forme définitive du démon de marbre, l'énigme à résoudre du Clair de lune intellectuel qui ouvre l'accès au Cloître noir, ou la terrible et sourde descente au fond de l'abîme dans l'épave du vaisseau d'or où la confrontation finale aura lieu, les moments mémorables ne manquent pas.
5-Le Paon d'émail
Un jeu vidéo peut-il être meilleur que le livre qui l'a inspiré? Les exemples sont rarissimes et l'exception qui confirme la règle est sans contredit l'extraordinaire Paon d'émail, adaptation du recueil de poèmes de René Chopin. Sorti sur PC au début des années 2000, Le Paon d'émail est souvent cité, avec Myst, ICO et quelques autres, parmi ces jeux qui arrivent à se hisser au niveau de l'expérience artistique. Tout ici est soigné: la qualité des décors moyen-orientaux, l'atmosphère doucereuse et embrumée du rendu. Touche finale à ce chef-d'oeuvre: la musique procédurale créée à partir d'un algorithme complexe qui intègre les règles de composition de la modernité musicale du début du vingtième siècle et évoque parfaitement, sans jamais pourtant les citer littéralement, les Ravel, Fauré et Debussy. Seul bémol à ce parcours autrement sans fautes: les puzzle eux-mêmes, qu'il est nécessaire de résoudre pour avancer dans le jeu, sont souvent difficiles et alambiqués, et le jeu est, globalement, trop bref. Une suite était originalement prévue, Le Nigog, beaucoup plus ambitieux, mais le projet semble perdu dans un development hell depuis si longtemps que peu de gens gardent encore espoir d'y jouer un jour.
Mention spéciale. Il faut finalement accorder une mention spéciale à Super Ducharme 2000 dont la plus grande qualité est sans nul doute d'exister pour vrai. J'ai quand même passé quatre heures l'automne dernier à essayer de passer le level "Gros mots".
ATTENTION: Comme ce top 5 n'engage que mon opinion personnelle et laisse peut-être injustement certains classiques dans l'ombre, Doctorak, GO! aimerait recevoir vos critiques et publier les meilleures. Lâchez-vous dans les commentaires.
MISE À JOUR: Jean-Philippe Morin, alias Darnziak, m'a fait parvenir cette critique du jeu d'aventure Voyage en Irlande avec un parapluie. Comment ai-jeu oublier ce jeu? Où avais-je donc la tête?
Mon jeu québécois préféré est Voyage en Irlande avec un parapluie de Sierra Online, un vieux jeu d'aventure à interface texte. Le joueur incarne Louis, jeune Québécois en route pour l'Inde après une rupture amoureuse. L'atmosphère pluvieuse et sombre, les graphismes dépouillés, les descriptions textuelles limpides font écho à ce classique de l'autofiction. Certains puzzles sont hallucinants de difficulté parce qu'ils sont trop simples : je suis resté des semaines coincé à Cork, j'ai dû acheter le roman de Louis Gauthier et m'en servir comme hint book afin de débloquer. Indice : le parapluie, dans votre inventaire, vous sera très utile. À l'époque j'ai tout tenté pour réussir l'histoire d'amour avec Kate la belle rouquine irlandaise - revisiter chaque écran dix fois, combiner tous les items - avant de réaliser que le jeu, et c'est toute sa beauté, ne peut se terminer que sur un échec, un peu comme dans Loom de Lucasarts où on n'est pas certain d'avoir sauvé le monde quand Bobbin se transforme en cygne et s'envole avec ses compagnons en transportant la trame du monde.
Dans le genre vintage happy few, je garde un bon souvenir de “Les Belles-soeurs”. Un ti-jeu, qui roulait sur Mac Plus, bricolé par les étudiants en Informatique de l’Uquam en collaboration avec ceux du département d’Etudes littéraires. Fallait le plus rapidement possible coller un million de timbres Gold Star avec l’aide de 15 personnages qui te trahissaient pis te volaient tes timbres. On réussissait surtout à les faire travailler avec un super pouvoir “joke” utilisant les répliques comiques de la pièce, mais ça mangeait super vite ta ligne de vie. Sinon, t’avais la fonction “insultes”, genre “Maudit verrat de bâtard!”, mais tu finissais pas mal tout le temps game over avec ça.
RépondreSupprimer*_*
RépondreSupprimerWow! Pis ça se trouve où, ces affaires là?
RépondreSupprimerCelui de la bête lumineuse est juste excellent.
RépondreSupprimer