samedi 3 mars 2018

Stéphanie St-Jean Aubre et Mathieu Renaud, Sans titre (1)

Le zine se présente sous la forme d'un dossier de classeur modèle réduit qui possède même son petit séparateur. À l'intérieur du dossier, quatre feuilles lignées arrachées d'un cahier à anneaux sur lesquelles sont imprimés d'un côté des poèmes et de l'autre, des dessins. Les poèmes parlent d'une manière crue de violence sexuelle et de leur après-coup. Un des textes a été écrit par Mathieu Renaud, figure importante de l'underground littéraire, mais aucune indication ne permet une attribution claire. Tout le dispositif esthétique, à l'exécution impeccable, que Stéphanie St-Jean Aubre a mis en place pour entourer ces textes, les codes visuels de l'archive judiciaire comme la frange déchirée des pages de cahier, protège parfaitement l'intime qu'ils mettent en scène et contribuent à en dévoiler la fragilité. La collaboration avec Renaud contribue elle aussi à brouiller l'identification des auteurs aux textes. À comparer les feuillets, on arrive à réattribuer l'auteur de chaque texte, mais le zine-objet maintient la réserve. Cet équilibre entre pudeur et dévoilement est au coeur de l'esthétique intimiste actuelle en poésie, mais la presque totalité des poètes de ce mouvement éprouvent une réelle difficulté à la maîtriser. Le dispositif imprimé de St-Jean Aubre propose quant à lui une solution cohérente.

Stéphanie St-Jean Aubre et Mathieu Renaud, Sans titre (1), zine, L'ensemble vide, 2017

Le gala a lieu dimanche le 18 mars à la Sala Rossa

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