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mardi 6 janvier 2009

Un film d'Henri Michaux

L'autre jour c'était un film avec Georges Bataille, mais que dire d'un film d'Henri Michaux sur la drogue? Ubuweb a mis en ligne récemment un film éducationnel sur les drogues psychédéliques financé par l'excellente compagnie pharmaceutique Sandoz qui nous a donné, entre autres, le LSD.

Malheureusement, on ne le voit pas dans le film, car c'est connu, il n'existe qu'une seule séquence filmée de Michaux, présent dans la salle du Collège de France pour une conférence de Borgès. À 84 ans avec des super de grosses lunettes fumées, c'est un vieux cool qui a l'air en pleine forme. Il mourra l'année suivante.

En revanche, on l'entend, et il commence par se plaindre que le film qu'on va voir sera pas intéressant comparativement à l'expérience qu'il tente de décrire. Et ça fait quand même du bien à entendre, parce qu'on finit par nous servir un bon quinze minutes de ces séquences de kaléidoscope psychédélique à vous écoeurer de n'importe quel état second. Autre séquence troublante: à la moitié du film, pendant quelques secondes apparait en gros une fenêtre de MacOS "allow or deny connection". Compte-tenu que le film a été fait en 1964, serait-ce une confirmation des pouvoirs prophétique des psychotropes? Et cette connexion que l'on devrait permettre ou refuser, a-t-elle un lien avec celles dont parle Castaneda?

Les dernières minutes sont cependant délirantes, comiques en même temps qu'étranges, parfois hyperesthétiques et d'autres fois grossièrement allégoriques. Comme film c'est n'importe quoi, mais il faut reconnaître que tous ces attributs correspondent assez bien à l'enfer confus d'avoir trop mangé trop de muffins au pot parce que t'avais faim d'avoir déjà trop fumé avant et que tu savais pas quelle quantité ils avaient mis dans le mélange à muffin... Et je voulais dire aussi que c'est pas une bonne idée de partir tout de suite après du party pour s'en aller dans un bar, de rester cinq minutes ou dix heures, tu sais plus, et de croiser en revenant plein de polices et une ambulance autour d'une cycliste en robe rouge couchée dans la rue qui s'est fait frapper par une auto et d'écouter après des Passe-Partout avec ton coloc en lui promettant de construire le lendemain un tableau des légumes sur le mur de la cuisine comme dans Alakazoo... Ça fait faire des rêves comiques en même temps qu'étranges, parfois hyperesthétiques et d'autres fois grossièrement allégoriques... 1996, l'année de tous les excès.

Je dois dire aussi que je suis resté un peu surpris de la voix de Michaux, si c'est bien la sienne.

Lien vers Images du monde visionnaire de Henri Michaux et Eric Duviver.
Également: lien vers le reportage où on voit Michaux (et, accessoirement, Borges).

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