L'histoire de Mélody est presque impossible. Que Sylvie Rancourt, danseuse nue, en soit venue à élaborer le projet de raconter sa vie en bande dessinée relève de la pure intuition créatrice. Car en 1985 la bande dessinée autobiographique n'existait pas. Le style de Rancourt, un dessin naïf contrebalancé par un sens raffiné du récit, n'existait pas. Remarquée par le milieu underground américain, saluée par Chris Ware qui la compare à Art Spiegelmann, elle demeure encore pratiquement inconnue ici, même si son oeuvre est aussi fondatrice que celles d'Henriette Valium et de Julie Doucet. Nous ne comprenons tout simplement pas pourquoi nous n'en avions jamais entendu parler. Mais les yeux de tout le monde s'illuminent quand nous en parlons aux autres. Et nous espérons sincèrement que ce prix que nous lui décernons avec émotion (car Vickie Gendreau aurait été, on l'imagine, intarissable au sujet de ce livre), permettra de lui donner enfin la place qu'elle mérite dans la culture québécoise.
Sylvie Rancourt, Mélody, Égo comme X, 2013
version anglaise chez Drawn & Quarterly, 2015
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