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jeudi 25 novembre 2010

Les prix littéraires et le pouvoir


Il se passe des choses dans le monde des prix littéraires, cette antichambre de la gloire médiatique des auteurs! En exigeant qu'on le retire de la liste des finalistes, Gil Courtemanche a fait bien plus que dénoncer un abus de pouvoir au sein de Québécor, le lock out des 250 employés du Journal de Montréal qui dure depuis deux ans, il révèle la nature profondément politique de tout prix littéraire.

Tout en respectant le courage qu'ils ont eu de ne pas rester muet - car c'était la solution la plus facile -, je reste plutôt perplexe devant la réaction qu'a recueillie La Presse de cinq participants à ce prix, quatre auteurs et un éditeur. Jean-Simon Desrochers, Caroline Allard, Stéphane Dompierre, Pierre Szalowski et Antoine Tanguay.

Desrochers revendique d'abord pour lui un droit au non-alignement et à la neutralité, droit qui assurément renvoie assurément moins à la notion de justice qu'à la loi du plus fort, qui est comme partout paraît-il mais surtout ici, toujours la meilleure. À peu de choses près, les quatre autres intervenants répondent selon la même logique, certains remerciant le ciel que cette polémique n'ait pas éclaté l'année où ils ont remporté le prix, un autre y allant de cette affirmation d'un cynisme terrifiant: "On ne peut pas demander aux plus pauvres d'être solidaires dans une guerre entre plus riches". Dompierre en rajoute: "faut-il boycotter les librairies Archambault aussi?". Ce à quoi on pourrait répondre que ce n'est assurément pas la seule raison de ne pas y entrer. Ne jamais y trouver les dernières parutions en essai ou en poésie québécoise reste pour moi la raison principale, ne jamais m'y retrouver au hasard des lancements ou des événements de la vie intellectuelle et culturelle montréalaise en est une autre, car dans les succursales de ces grandes chaînes, il ne se passe plus jamais rien.

Ces cinq agents du monde littéraire ne sont cependant pas à blâmer, ils représentent plutôt un symptôme plus grave de la conscience malheureuse qui règne au sein des institutions qui représentent la littérature québécoise sur la place publique, une conscience au sens hégélien que lui donne Alexandre Kojève, à savoir la capacité de penser son impuissance doublée d'une incapacité de penser son dépassement. Car de tels prix littéraires relèvent d'un impouvoir de la littérature en ce que leurs fondements s'inscrivent dans un espace qui lui est d'office extérieur, un espace marchand et un espace de visibilité médiatique, plus que dans un espace intérieur où le débat porterait par exemple sur la critique et les choix d'attribution du prix à un récipiendaire plutôt qu'à un autre. Que ces agents en soient venus à croire à la logique de ce prix au point de se commettre politiquement à son égard (car malgré sa retenue, la non-ingérence est toujours une prise de position) démontre bien le triste état dans lequel le monde littéraire se trouve aujourd'hui où pose soudainement problème une prise de position aussi consensuelle que l'appui aux employés en lock out d'une entreprise qui travaille plus souvent à la marginalisation de la littérature qu'à son essor.

Tout ça pour dire que, malgré le côté souvent ironique et apparemment peu sérieux de l'Académie que nous avons fondée, l'entreprise est peut-être moins bouffonne finalement que ces prix médiatiques qui entraînent de la sorte à la compromission. Sans autre collusion que celle qui lie le monde littéraire à lui-même, les prix que nous attribuons peuvent quand même se permettre de réclamer leur souveraineté, et par là une autonomie qui n'a pas à invoquer piteusement un hypothétique droit à la neutralité. Du reste, son principe fondamental, de n'attribuer de prix littéraire qu'à des livres ou des auteurs qui ont peu de chances d'en remporter ailleurs, indique bien le type de politique qu'on y pratique, pour le meilleur et pour le pire.

Ceci dit, nous devons quand même être reconnaissants envers Gil Courtemanche d'avoir orchestré le dévoilement des postures politiques que force à prendre ce prix. En littérature comme dans toutes les institutions, le pouvoir qui organise la visibilité est, paradoxalement, toujours difficile à faire apparaître.

vendredi 19 novembre 2010

Salon du livre et préselection aux prix de l'Académie de la vie littéraire au tournant du 21e siècle

C'est le Salon du livre de Montréal! C'est-à-dire le lieu le plus angoissant et le plus démoralisant dans lequel un écrivain peut se retrouver, étant donné que t'as genre 500 auteurs inconnus du grand public qui regardent piteusement les gens se rendre faire la file pour soit aller montrer à l'auteur jeunesse du moment comment leurs enfants sont donc avancés pour leur âge en lecture, soit pour rencontrer le romancier français mainstream qu'ils ont vu à Tout le monde en parle, soit pour aller rendre hommage à cette personnalité médiatique qui a daigné descendre parmi la foule pour se faire accorder l'honneur d'un baise-main ému au-dessus de son roman de marde dont tout le monde se sacre ou de sa grande biographie de 600 pages imprimée en caractères 18 points.

Néanmoins, une des choses les plus intéressantes que permet le Salon, c'est la possibilité de saisir en une seul visite l'étendue de tous les livres publiés dans une seule année au Québec, de la plaquette austère de poésie aux éditions de la Peuplade à la révision annuelle du code civil aux Publications du Québec, en passant bien sûr par Les dés de la destinée, l'anthologie de Gargouille et le Guide de l'auto. Et comme l'Académie de la vie littéraire au tournant du 21e siècle est déjà à pied d'oeuvre pour dénicher les récipiendaires 2010 de ses prestigieux prix, Doctorak, Go! a cru bon de passer donc au salon, d'acheter tous les livres, de tous les lire et il vous offre aujourd'hui en primeur sa Grande Préselection aux Prix 2010. Notez que tous les auteurs de ces livres seront en fin de semaine en séance de dédicace à un moment ou à un autre au Salon du livre, ce qui en soi mérite déjà qu'ils figurent dans cette liste. Les voici.
Yvon Brochu, Galoche, c’est parti mon frisbee!, FouLire
Chantal Contant, Les rectifications de l’orthographe du français, ERPI
Jean Laplante, L’art de conclure une vente avec la PNL, Gereso
France Gauthier et Pierre Lessard, Tout se joue à chaque instant, La semaine
Manon Couture, Comment maximiser son potentiel humain, Béliveau
David Desjardins, Bien dans son corps, bien dans sa peau, Transit média
Anne Van Stappen, Petit cahier d’exercices pour cultiver sa joie de vivre au quotidien, Jouvence
Yvon Dallaire, Qui sont ces hommes heureux?, Option santé
Jennifer Couëlle, Coucou bonheur, Planète rebelle
Paul Delisle, Conciliation travail-bonheur, NKS
Lucie Mandeville, Le bonheur extraordinaire des gens ordinaires, Homme
Nicolas Gaitan, Et si on choisissait d’être heureux!, Un monde différent
Alain Samson, Pourquoi vous contenter d’être heureux?, Béliveau
Hélène Turmel, Et si vous étiez comblé d’amour 365 jours par année?, Béliveau
Johanne Ménard, Espoir quand tu me tiens, AdA
France Boucher, Si je devenais nuage, Ecrits des Forges
Sylvie Ouellet, Amélie Grenier et Anick Lapratte, Pétales de vie, Dauphin Blanc
Sylvie Asselin, Les quatre piliers de la vitalité, Quebecor
Lolita Leblanc, La rédemption de l’ange, JKA
Jean-Paul Simard, Guérir par la foi, l’amour, la prière, Mediaspaul
Pierre Lessard, Manifester ses pouvoirs spirituels, tome 2, Éditions Ariane
Denise Chartré, Être jeune à 90 ans, La Semaine
Christiane Morrow, Véronique Lettre, Plus fou que ça... tumeur!, Stanké
Véronique Fortin, Journal irrévérencieux d’une mère normale, Bagnole
Vanessa Quintal et Isabelle Malenfant, J’ai une amie en congé de maternité, Flammarion Québec
Stéphanie Moranville, S’aimer pour maigrir et non maigrir pour s’aimer, Béliveau
Joël Legendre, Ma biographie gourmande, La Semaine

Quelle sélection! Qu'on vienne pas me dire qu'y a pas de talent au Québec. J'ai les cheveux drettes sua tête.
Il va sans dire que cette liste sera appelée à changer sensiblement au cours du processus qui nous mènera à la grande remise officielle des prix lors du gala qui aura lieu en février 2011. Alors, attention les auteurs, ne vous surprenez pas si jamais vous ne remportiez aucun prix. Notez aussi que plusieurs des titres de cette liste ont été choisis en fonction du critère "mais qui pourrait bien se déplacer au Salon du livre pour demander une dédicace pour ce livre-là?", critère dont on débat présentement de la pertinence au sein des nombreux comités officiels de l'Académie de la vie littéraire au tournant du 21e siècle. Tout comme on débat aussi de cette tonalité "bonheur, pensée positive et joie de vivre" qui donne souvent le goût de fesser dedans des affaires. D'ordinaire, on trouverait que ça relève de l'exploitation des gens en détresse psychologique, mais pour une fois, nous avons fait l'effort d'ouvrir notre coeur aux belles choses de la vie, aux oiseaux et aux fleurs, à la bonté et à l'espoir d'un monde meilleur et la fraternité et l'amour universel et se taper la tête se taper la tête péter des gueules bukkake crystal meth accidents de char tireur-fou destroy atenttas-suicides araché dé zongle noèyés des tis châs violé des bebé non non ARRNONNONNONNONCRRRGJJJ LOUGLADIGIDIZI SEURBELGFIEMG ZDODRI FF FF FF Ff ff f...
...
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...
Bon, ça va mieux...

Bonne chance à tous les auteurs en lice!

Lien vers la liste des auteurs en dédicace au Salon du livre de Montréal 2010.

lundi 15 novembre 2010

Non, Doctorak ne passe pas ses journées à jouer à démineur

S'il y a pas beaucoup d'action ici ces temps-ci, c'est parce que Doctorak est en train de préparer des affaires... Des affaires amusantes... Qui seront révélées en temps et lieu...

La première surprise, c'est une série d'entrevues qui auront lieu tous les lundis à compter d'aujourd'hui sur mon compte Twitter dont je rendrai compte en direct sur place. En fait, j'ai déjà commencé la semaine dernière, alors que je notais frénétiquement depuis la librairie Olivieri les détails d'une table ronde qui a mal tourné. La voici, mise en page pour ceux d'entre vous, nombreux, qui ont manqué l'événement:
7h46 - En train d'enregistrer à la librairie Olivieri une table ronde sur la laïcité. La chicane va pogner dans 3...2...1...

7h48 - Chez Olivieri c'est plein de chaises en métal comme à la lutte. Je dis ça juste de même, le luchador a l'air de tenir au crucifix dans les lieux publics.

7h56 - Oh! Le luchador a entraîné Daniel Weinstock dans la section sciences humaines! Il lui assène des arguments-massue. Mais que fait l'arbitre?!

8h05 - Une féministe vient de démasquer le luchador! Elle pensait que son masque était un niqab, signe ostentatoire de l'oppression patriarcale!

8h13 - Un laïque radical est en train de piétiner l'introduction de Georges Leroux au dossier spécial du dernier Spirale! Qui arrêtera ce carnage!

8h18 - Oh shit, The Undertaker vient d'entrer par le backstore... Non, c'est Yvan Lamonde! Il pète en deux l'idée de patrimoine religieux! D'où viennent cette musique d'orgue lugubre et cette fumée?

8h40 - C'est fini! Mais Weinstock et Lamonde veulent une revanche dans un Steel Cage Death Match! À la semaine prochaine, si Dieu le veut!
La librairie Olivieri compte une des plus vastes sélections de livres de philosophie à Montréal.

Yvan Lamonde en spandex en train d'exécuter la prise du marteau-pilon, ça valait vraiment le déplacement. Mais où êtes-vous êtes donc quand il se passe des choses intéressantes?

L'entrevue de demain devrait commencer live sur twitter autour de 10h. C'est ici que ça va se passer.

jeudi 11 novembre 2010

Lectures à venir

Ça va être la fête! Car je fais deux lectures bientôt:
PARTY D’OUVERTURE : VENDREDI 12 NOVEMBRE, 20:30 – minuit, avec musique par Tony Ezzy et Super Fossil Power, lectures par Mathieu Arsenault, Sherwin Tjia et plus !! $5, La Sala Rossa, 4848 St-Laurent. Plus d'infos ici.

Et, oui, la rumeur est vraie: Mathieu A. fera un retour sur la scène slam la semaine prochaine dans le cadre des Rencontres internationales du documentaire. C'était un matin pluvieux, alors que les vapeurs de l'alcool et d'inénarrables excès se dissipaient encore, Mathieu était aux prises avec une crise d'angoisse horrible. Était-on en train de l'oublier? Combien de temps lui restait-il? Son oeuvre, son oeuvre! Tout cela aura-t-il été en vain? Et là, au milieu de cette tempête du désoeuvrement désespéré, dans sa boîte de courriel apparut cette déchirante invitation à reslamer. La tentation... une dernière fois, juste un dernier hit, une dernière chance peut-être de recevoir les applaudissements de cette foule ingrate et oublieuse (c'était une grosse crise théâtrale, là). Alors j'ai cédé, j'ai dit oui. C'est là que ça se passera:
Lounge de la cinémathèque québécoise
mardi 16 novembre, 21h

Vous allez être là, hein?