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samedi 16 mars 2013

Le gala c'est demain

Le 4e gala de l'Académie de la vie littéraire aura lieu demain. Pour finir de vous convaincre de venir entendre les lectures et voir du monde heureux, voici la liste des prix qu seront remis cette année.

François Blais se voit décerner le prix Clippy-le-trombonne-gossant-de-Word-2000
Sébastien Boulanger-Gagnon se voit décerner le prix Plage-de-Crystal-Fighters
Fabien Cloutier se voit décerner le prix Patrice-Brisebois
Marie-Ève Comtois se voit décerner le prix The-Skin-I-Live-In
Shawn Cotton se voit décerner le prix Cotton-Ale
Geoffroy Delorey et Nicolas Lachapelle se voient décerner le prix Décalice-Ma-Maison-Rona
Charles Dionne et Fabrice Masson-Goulet se voient décerner le prix Febreeze-Masson-Dionne
Julie Doucet se voit décerner le prix Mieux-qu'Annick-Jean
Vickie Gendreau se voit décerner le prix Marc-Antoine-K.-Fennec
Jean-Philippe Martel se voit décerner le prix Karl-Hardy
Stuart Ross se voit décerner le prix Exist-Through-The-Gift-Shop
Maude Veilleux et Guillaume Adjutor Provost se voient décerner le prix Ferrero-Rocher-Percé

Et voici en exclusivité une photo des trophées, qu'on a fini de coller avant-hier.


Dimanche, 17 mars 2013
Club Lambi 4465 St-Laurent (coin Mont-Royal)
Porte: 19h
Gala: 20h
Prix: 5$
Accompagnement musical: Propofol 2/3
DJ: Annie Q

Marie-Ève Comtois, Je te trouve belle mon homme

La poésie de Marie-Ève Comtois reprend la formule l'intimisme des années 80, celui de François Charron, d'Élise turcotte et de tant d'autres. Mais elle arrive à une époque où l'ancrage dans la réalité du monde, le quotidien ordinaire, les intérieurs rangés de la demeure sont devenus des rêves inaccessibles. L'époque de Je te trouve belle mon homme est celle d'un décalage perpétuel par rapport à la réalité, celle des antidépresseurs et de sa subjectivité coupée du présent immédiat. La voix du recueil n'arrive à parler que d'une voix étrangement modulée, faussement naïve, faussement insouciante, meublant par des images farfelues cette difficulté de franchir cette distance qui nous sépare désormais de autres. Et malgré cela, la poésie de Comtois reste enjouée, drôle même et forte d'une ironie sourde et ambiguë qui n'arrive à révéler la lassitude de vivre qu'en faisant mine de la cacher.

Marie-Ève Comtois, Je te trouve belle mon homme, Écrits des forcges, 2012.

François Blais, Document 1

Il ne serait peut-être pas exagéré d'affirmer que Document 1 découvre un univers qui a jusqu'ici échappé à notre imaginaire collectif : celui des marginaux geeks qui vivent sur leur ordinateur cette existence prospère en expérience et en culture qu'ils n'auraient jamais les moyens de se payer. Pourquoi cette figure pourtant répandue dans notre société se découvre-t-elle à nous dans un roman et pas au cinéma ou à la télévision? Parce que le roman semble encore à l’abri de cette dictature du droit d’auteur qui attire la censure des marques de commerce, des noms de produit, et d’oeuvres, de toute cette culture marchande que s'approprient les personnages de Blais qui n’en ont rien à faire parce qu'ils n'ont rien à perdre. Ils s'abîment joyeusement dans l’information parce qu'ils ont le temps que plus personne n'a les moyens d'avoir.

François Blais, Document 1, L’Instant même, 2012.

vendredi 15 mars 2013

Vickie Gendreau, Testament


6 juin 2012. Vickie m'a appelé quelques heures auparavant pour m'annoncer ce que je redoutais le plus : c'est une tumeur cérébrale, elle est inopérable. J'appelle Éric de la Rochellière, directeur du Quartanier, pour qu'il donne une chance à son manuscrit, qui n'est qu'à moitié terminé. J'arrive difficilement à parler. Il lui reste peut-être peu de temps, si le livre sort rapidement, elle pourrait vivre son lancement. Je sais que je suis trop proche de ce livre pour être objectif à son sujet, mais je sais aussi qu'il est plus important pour moi que ceux que j'ai écrits jusqu'à maintenant. C'est pour moi un bonheur qu'il soit acclamé par d'autres.

Vickie Gendreau, Testament, Le Quartanier, 2012

Photo: Jade Robinson

mercredi 13 mars 2013

Charles Dionne & Fabrice Masson-Goulet, Poème Sale

Les revues littéraires papier ont de la difficulté. Et que dire des revues de poésie? Pire encore. Si on nous avait dit il y a six ans à peine que nous verrions un jour apparaître non seulement une revue mais un magazine complet de poésie à parution régulière, on aurait juste ri. Puis nous serions allé à la fenêtre regarder au loin en silence. Poème sale a commencé comme un blogue dédié à l'annonce d'événements littéraires. Rien de neuf. Mais leurs auteurs ont fait plus qu'annoncer, ils sont allés à presque tous les événements, ont rencontré les auteurs, gagné leur confiance et le blogue a pris peu à peu l'allure d'un véritable magazine, avec poèmes, éditoriaux, dossiers thématiques. Et surtout, ils attirent maintenant des poètes que personne ne connaît encore. Ce qui n'est pas rien pour nous, incorrigibles mondains, qui connaissons déjà tout le monde.

http://poemesale.com/http://poemesale.com/

Geoffroy Delorey et Nicolas Lachapelle, Pavé et mémoire


On a pu voir paraître, quelques mois à peine après le "printemps érable", plusieurs dossiers spéciaux, d'essai ou de fiction, qui tentaient de comprendre et raconter l'événement. Plusieurs mémoires de maîtrise porteraient même présentement sur le sujet. Mais même si chaque publication essaie consciencieusement d'éviter les pièges, l'effet de masse ne peut produire au final qu'une sorte d'institutionnalisation instantanée qui, faute de distance suffisante, tourne plus souvent qu'autrement à la célébration et la folklorisation, à la séparation de la praxis qui engage complètement l'individu et de son récit qui n'engage que sa parole.
Pavé et mémoire consiste en 36 pages reliées par quatre boulons à une véritable brique rouge qui en constitue le centre. Une "brique littéraire", un texte "lourd", une lecture potentiellement "assommante"... Les métaphores s'agglomèrent autour de cet objet, mais n'arrivent pourtant pas à l'épuiser, à en atténuer la singularité. Car cet objet est incriminant, il pourrait être considéré comme une arme lors d’une fouille policière et il incarne pour cela toute l'ambiguïté  propre aux dérapages idéologiques apparus dans l'espace public au printemps 2012 lorsqu’une marque militante, une oeuvre politiquement engagée pouvait entraîner une arrestation et une détention arbitraires. Pavé et mémoire en parle : nous avons vu pointer un instant chez nous l'ombre du totalitarisme qui confond la violence et la critique, la dissidence et la délinquance. Et c'est ce souvenir terrifiant qui donne à la brique sa lourdeur, sa pesanteur terrible. Elle conserve par sa matérialité même ce quelque chose d'engageant, de risqué, qu'aucuns des textes publiés dans les mois qui ont suivi le printemps 2012 n'ont su préserver.

Geoffroy Delorey & Nicolas Lachapelle, Pavé et mémoire, Coopérative d’édition en jachère, 2012

mardi 12 mars 2013

Stuart Ross, You Exist. Details Follow


Il y a de ces gens qui ont des poèmes dans leurs veines. Pendant plusieurs années, Stuart Ross vendait ses recueils dans la rue. Il est aussi un activiste de la vie littéraire et un amoureux de la petite édition. Son plus récent recueil, You Exist. Details Follow, nous plonge dans l’univers que Ross nous laisse découvrir de livre en livre depuis des années, à la fois intimiste et peuplé. Ce sont des poèmes hachurés, surréalistes et pourtant remplis de réel. Ils prennent à la gorge et creusent des sillons jusqu’à ce que nous nous laissions toucher, qu’on apprenne enfin à respirer autrement.

Stuart Ross, You Exist. Details Follow, Anvil Press, 2012.

Texte: Catherine Cormier-Larose

lundi 11 mars 2013

Julie Doucet, 99-Plus Suicide Projects


Julie Doucet a déjà été une figure mondiale de la bédé underground. Puis elle a décidé de quitter l'intimisme trash qui caractérisait Dirty Plotte. Elle avait ses raisons. Sa pratique est maintenant complètement à l'opposé. Il n'y a plus de dessins, plus de récit, plus de quotidien, plus de marque subjective. Seulement des poèmes parfois énigmatiques, à l’humour souvent très noir, faits par collages de mots découpés dans des magazines d'une autre époque. Comme d’étranges lettres de rançon. Comment survivre au trash, à l'autobiographie? Des dizaines de poètes et de bédéistes se poseront tôt ou tard cette question lorsque la lassitude aura fini de précipiter la manière dans le cliché. En se réinventant ainsi, Julie Doucet apporte sa réponse et ouvre peut-être encore une fois la voie.

Julie Doucet, 99-Plus Suicide Projects, Mille Putois, 2012.

Jean-Philippe Martel, Contributions à Littéraires après tout

Malgré ce qu'on pourrait croire, la liberté d'expression n’est jamais assurée. Bien sûr, nous avons aboli la censure bourgeoise effrayée par le sexe, la profanation des tabous et la dépravation, mais vaincre l’autocensure et nommer les gens réels dans un milieu aussi restreint que celui du monde littéraire québécois, les mettre en scène, les parodier, demande un certain courage, une certaine insouciance que peu d'écrivains ont eu jusqu'à maintenant. Jean-Philippe Martel ne rate pas les vedettes littéraires des grands comme des petits médias, et les jours où les textes paraissent en ligne, on croit même parfois entendre en temps réel les grincements de dents de tant d'auteurs susceptibles. Un réel plaisir qui démontre hors de tout doute qu'il y a bel et bien aujourd'hui une vie littéraire et qu'elle est assez solide pour savoir donner assez de liberté à ceux qui lui permettent de rire d'elle-même.
Jean-Philippe Martel, Contributions à Littéraires après tout.

dimanche 10 mars 2013

Fabien Cloutier, Sacrifice

En tant que portrait de groupe, Sacrifice rappelle l'amalgame cher à Michel Tremblay des mythes grecs et du petit peuple. Ce sont ici les Ménades déchiquetant Orphée qui sont évoquées par ce public anonyme et sinistre des radios poubelles qui descend dans la rue pour lyncher les joueurs du Canadien après une défaite de trop. L'intrigue peut paraître anecdotique et légère, mais la langue violente et vulgaire que Cloutier invente et déploie nous met en contact avec cette partie sombre de l'identité québécoise que nous préférerions ignorer, cette tentation honteuse de l'extrême droite et du totalitarisme qui reparaissait partout au printemps 2012. Au moment de cette crise politique, l'humour profanatoire de la pièce donnait alors au public le minuscule décalage qui rendait supportable cette confrontation pourtant nécessaire.

Fabien Cloutier, Sacrifice, Le Monstre sacré, Zoofest et Québec, 2012.

Photo: Simon Douville

vendredi 8 mars 2013

Maude Veilleux et Guillaume Adjutor Provost, Automne ton cul


Un fanzine de poésie a besoin de peu de choses pour être réussi. Il n'est pas obligé d'être long, pas obligé d'avoir une mise en page impeccable ou d'être un chef-d'oeuvre d'impression. Mais il doit être cohérent, faire émerger un rapport au monde. Comme une sorte de bravade lancée à la face de toutes les publications soignées, à tous ces poètes à l'écriture inutilement ornée ou à l'imaginaire désincarné, Automne ton cul plonge à l'essentiel en décontextualisant des extraits de journal intime d'une adolescente et accède sans difficulté à une sorte de fantaisie crue et légère. Comme flotter à quelques centimètres à peine au-dessus d'un monde sec et violent. 

Maude Veilleux et Guillaume Adjutor Provost, Automne ton cul, C'est beau escabeau, 2012.

mercredi 6 mars 2013

Sébastien B Gagnon, Disgust and revolt poems mostly written in english by an indépendantiste


Il y a quelque chose de rudimentaire, de presque chambranlant même dans la syntaxe anglaise de Sébastien B Gagnon. Cette langue est simple mais elle n'est ni naïve ni fragile, car elle revendique dans la langue du pouvoir le droit d'exister non seulement de ceux qui parlent français mais toutes les autres langues. Ce petit recueil qui emprunte son format au passeport canadien n'est pas que poésie indignée. Il nous ramène à l'essentiel, à cette envie primale de déclamation poétique. On imagine Seb nous le chuchoter aux oreilles puis nous amener au Belvédère du Mont-Royal pour que même le plus rustique des moustiques soit au courant de la révolution qui se trame.
(texte: Mathieu A. et Vickie G.)

Sébastien B Gagnon, Disgust and revolt poems mostly written in english by an indépendantiste, Rodrigol, 2012.

lundi 4 mars 2013

Shawn Cotton, Les armes à penser

À 17 ans, Shawn Cotton évoquait de manière troublante Rimbaud, précoce et génial dans les pages du fanzine Steak haché que dirigeait Denis Vanier. Quelques années plus tard, Rimbaud est toujours là dans les textes des Armes à penser, avec Ginsberg et Kerouac. Sans parodie, sans simulacre, sans pastiche, les poètes du dérèglement de tous les sens se tiennent debout dans notre époque grâce à cette exigence commune que Cotton entretient à l'égard de la poésie, dans ses textes comme partout ailleurs dans son existence.

Shawn Cotton, Les armes à penser, L'Oie de Cravan, 2012.

(Merci à Pierre du Marché aux puces St-Michel pour le décor.)

samedi 2 mars 2013

Le gala de l'Académie de la vie littéraire au tournant du 21e siècle s'en vient


Tout est en place pour le 4e gala de l'Académie de la vie littéraire. Les lauréats apparaîtront sous peu ici. D'ordinaire j'aime bien faire ma petite farce de pourquoi j'aurai pas de prix cette année, je fais une petite mise en scène de discussions imaginaires entre Catherine, Vickie et moi. Mais ce ne fut pas une année facile. La maladie de Vickie nous a terriblement affectés. Nous avons cependant tenu le coup. C'est, il me semble, la seule chose qui vaut la peine d'être dite.

Mais nous avons laissé de côté notre souffrance et notre tristesse, et nous avons comme à chaque année sacrifié nos projets personnels pour ce gala et ces cartes que nous devons financer de notre poche. On est cons comme ça. Pourquoi? Plus que jamais nous sentons que les autres prix, les prix de poésie en particulier, passent à côté de notre époque. Ces auteurs que nous récompensons, qui publient dans les petites maisons d'édition ou qui s'éditent eux-mêmes dans des fanzines ou sur les blogues, ces auteurs font paraître non seulement des oeuvres d'une qualité incomparable, mais beaucoup d'entre eux réalisent présentement une chose qu'on considère souvent impensable en littérature québécoise : ils sont lus et pas seulement par leurs amis et leurs collègues. Ils prennent les influences de leurs contemporains et en marquent d'autres à leur tour. Cest ça la vie littéraire. Et notre pauvre littérature connaît plus le vide que la vie. C'est la raison pour laquelle il faut tout faire pour la saisir quand elle se manifeste et en profiter le plus possible. Car elle est souvent trop courte.

Huh. J'ai l'air emo là, mais on va quand même avoir le gros fonne de la vie au gala. Pour fourrer la mort.

Page Facebook de l'événement: https://www.facebook.com/events/146176785542960/

Détails du gala
Dimanche, 17 mars 2013
Club Lambi 4465 St-Laurent (coin Mont-Royal)
Porte: 19h
Gala: 20h
Prix: 5$
Accompagnement musical: Propofol 2/3
DJ: Annie Q