passez faire un tour à la boutique: doctorak.co

mardi 26 novembre 2013

Ricardo, cet essayiste

Ed Hardcore publiait hier sur Terreur Terreur une réaction-à-la-réaction de ce que Ricardo, le monsieur sexy qui fait des recettes, remportait le Prix du grand public 2013 du Salon du livre dans la catégorie "Essai et vie pratique". Ed s'irrite que le milieu littéraire pète sa coche sur Facebook quand il y eut bien également un prix "littérature" remis à une auteure que je ne connais pas mais qui, par ce prix, vient de perdre sa chance de remporter les honneurs à notre prestigieuse Académie de la vie littéraire, les seuls qui comptent vraiment en littérature au Québec. Il se fâche contre les hipsters, il se fâche contre ceux qui crachent sur le grand public et sur les prix que le grand public donne. La grosse affaire. Et puis il réitère à Ricardo ses "sincères" félicitations, et là c'est drôle parce que le lecteur fixe intensément le "sincères" dans les yeux sans pouvoir déceler l'intention réelle. Ironique? Pas ironique? Dangereux? Ce "sincères" est un bad boy ténébreux.

Mais le problème, ce n'est pas qu'il y ait un prix du public. Le problème, c'est qu'il y ait une catégorie "essai" dans laquelle un livre de cuisine puisse remporter un prix. Le problème c'est que les gens qui font des livres de cuisine sont des éditeurs commerciaux dont le tirage énorme permet de dégager une marge suffisante pour faire un peu de profit et continuer de faire rouler la boîte. Le problème c'est que ces gens sont à peu de choses près dans la même situation que ceux qui en 2010 ont fait valoir aux organismes subventionnaires canadiens que les revues à potins, les revues "grand public" qui se vendent bien mais pas aussi bien qu'avant, que ces revues constituaient du contenu culturel et qu'elles devraient être subventionnées avec les mêmes enveloppes que les revues "culturelles" qui selon eux n'intéressent personne et sont pour cela de l'argent perdu pour les contribuables canadiens qui ne peuvent en profiter. Résultat : après une réorganisation des critères d'admissibilité destinée à satisfaire les magazines commerciaux, il faudrait maintenant que Spirale ou Liberté ou Moebius ou Jet d'encre, etc. atteignent un quota de 5000 exemplaires vendus par année. Macleans n'a pas ce problème, Sélection du Reader's Digest n'a pas ce problème, La semaine n'a pas ce problème. Summum non plus n'a pas ce problème.

"Yé, deux pommes!", entend-on s'exclamer à la cafétéria de la revue culturelle.
Et maintenant, trois ans après, ce ne sont plus uniquement les revues, c'est toute l'industrie du livre qui perd de l'argent, et ceux qui en perdent le plus sont les gros éditeurs commerciaux qui ont des besoins de capitalisation énormes pour continuer à produire au même rythme, et ce, même en comptant sur le réseau commercial qu'ils dominent sans partage. Ces grands éditeurs sont de plus en plus prompts à faire valoir qu'une industrie du livre subventionnée profite à plus de contribuables qu'une littérature subventionnée. Et quand on aura bien fait entrer dans la tête des contribuables qu'un livre de cuisine constitue un "essai", Ricardo et son équipe pourront faire valoir que 200 000$ dollars du Conseil des Arts investis pour un livre d'ARTS de la table pourront en rapporter 400 000$, ce qui est 100 fois mieux que 20 000$ remis à un projet d'essai littéraire qui risque de ne rien rapporter en matière de visibilité culturelle, de rayonnement culturel, de patrimoine culturel et d'expression de cette culture-vivante-et-riche-qui-nous-rassemble. Et si le Conseil des Arts refuse de donner de l'argent à Ricardo, les lobbyistes du livre travailleront à rediriger les budgets du Conseil des Arts vers un nouvel organisme plus en synergie avec les "goûts du public" qu'ils pourront appeler le Conseil de la Culture ou Culture Canada, ou whatever.
La ligne du risque de Pierre Vadeboncoeur, telle qu'imaginée par un amant des beaux livres qui ne sait jamais quoi acheter à un "beau-père qui a déjà tout".
Les subventions pour l'édition et la littérature sont plus fragiles qu'on pense. La mentalité de gestionnaire qui sévit chez tous les grands partis, au fédéral comme au provincial, est déterminée à couper les vivres aux revues culturelles. Ensuite ce sera le tour des éditeurs littéraires, après : les auteurs. Les auteurs d'essais-pas-pratiques, puis les poètes qui ne gagnent pas de prix, puis les poètes qui gagnent des prix, puis les auteurs de romans qui ne reflètent pas tout à fait nos valeurs. À la fin il ne restera que de belles choses qui parlent au vrai monde, chiffres de ventes à l'appui. Et les fanzines délirants d'Henriette Valium parce que lui personne peut le tuer. Et le grand public pendant tout ce temps, aura participé dans une joie béate à accélérer ce processus sans jamais avoir la moindre idée de ce qu'il aura perdu en cours de route. Tout ça pour que le livre, LE LIVRE, puisse continuer de vivre, peu importe le contenu, peu importe la forme. Ce grand public finira par croire et affirmer sans ironie que lire un livre de cuisine c'est quand même lire, c'est quand même participer à cette fascinante aventure intellectuelle inaugurée par Gutenberg. Et le grand public versera une larme émue au son de la tranche qui craque et à l'odeur acidulée des pages lustrées pleines de photos d'effilochés de porc et de bok choi aux couleurs saturées. Et nous, les littéraires, pendant ce temps-là, nous continuerons à manger de la misère, en suivant la recette de marde mijotée compilée dans un essai/vie pratique qui se vendra fuck all.

mardi 17 septembre 2013

Rentrée mode - Doctorak co. lance sa saison 2013

J'avais... J'avais tellement... J'y étais... J'avais réussi à dégager enfin un petit profit de mes opérations. Mais j'ai tout réinvesti dans du nouveau stock, pour faire cette année des t-shirts plus beaux... Je fais ça pour vous... Faut croire que je fais ça pour... Je dois faire ça pour vous. Sinon pour qui?



J'ai d'abord en t-shirt « Marie Uguay en tutu ». Ça vient de Testament. Vickie voulait tellement qu'on fasse un t-shirt ensemble. Elle a gossé Gabrielle Leila Tittley pour qu'elle lui fasse l'illustration. On avait décidé de la typo ensemble, elle voulait un "lettrage en nuage", et on est arrivé avec ça à la fin. Je n'ai malheureusement eu ni le temps ni l'énergie pour le faire plus tôt. L'image est vraiment belle. Merci tellement Gabrielle!


Ensuite il y a quoi? le t-shirt Zinedine Zviane! Une première collaboration avec une artiste que j'admire et à qui on a déjà donné un prix à l'Académie de la vie littéraire. J'aimerais faire plein de collaborations avec mes idoles de l'âge adulte! Parce que collaborer avec le réalisateur de Bloodsport ou le programmeur de Blaster Master sur Nintendo... il y aurait un malaise.

Aussi cette année, la grosse nouveauté c'est les macarons de 5.7 cm (2 pouces et quart). Tsé une grosseur de macaron syndical ou de festival? Ils sont 4$ et je conseille particulièrement « Ne me parlez pas de mon mémoire/ma thèse », qui prennent graphiquement tout leur sens. Ils sortent tellement beaux qu'on a envie de pleurer... parce que la rédaction n'avance pas.


J'ai aussi travaillé pendant 12 heures sur ce macaron de Josée Yvon pour faire les ombrages d'une typo sur laquelle j'ai médité pendant trois ans. Quand je pense à Josée Yvon, je meurs puis renais dans une fleur plantée dans une canne de tabac à rouler sur le bord d'une fenêtre. Une violette, genre.


La saison est pleine de macarons, comme « Written by Georg Lukacs », « Maria Chapdelaine c'est plate », « Téquila Heidegger pas le temps de niaiser » (aussi en t-shirt), « The Tonight Show with Gilles Hénault », « Cixous and the Banshees » (une idée soumise par un amateur de la boutique) et « André et Nicole ». De tout pour flasher à l'école, à Noël, à la Bibliothèque nationale, ou dans les lancements. Allez lire les microfictions en descriptif, il y en a des bonnes.


Finalement, quelques classiques comme LFCD, Fuck le tact et Kant/Sade sont maintenant offerts en blanc sur t-shirt rouge et certains en noir sur t-shirt blanc, en plus du blanc sur noir toujours populaire.

***

J'ai l'air de déconner des fois avec ça, mais il y a un véritable projet derrière la boutique qui commence à porter ses fruits.

D'une part, du point de vue artistique, je parle souvent de l'importance de saisir les potentialités littéraires de notre époque. On peut faire toute une carrière avec les formes et les genres hérités d'autres époques, mais ce serait en partie passer à côté de ce dont est capable le présent. Trouver les formes de notre époque pour saisir le réel... on ne peut pas sérieusement se considérer comme un auteur si on ne se pose pas au moins minimalement cette question. Je ne sais pas trop quel sens donner à ces microfictions qui accompagnent les produits sur le site de la boutique, mais je sais qu'elles me permettent de raconter quelque chose de mon expérience dans l'institution universitaire dans un rythme plus condensé que celui du roman d'apprentissage et de rejoindre ainsi ceux qui y sont encore; ou encore de tenter d'inscrire dans le présent, souvent par l'ironie, des oeuvres engluées dans la déférence ostentatoire qui les maintient à distance. Je sais aussi qu'un tel type de court texte narratif ou essayistique dans un contexte commercial n'existait à peu près pas il y a tout juste 10 ans. (En voulez-vous une bonne? J'ai eu cette idée en regardant Seinfeld, avec les références au catalogue J. Peterman...)

D'autre part, si Doctorak co. demeure une entreprise commerciale, je cherche tout de même à travers elle une manière de communiquer quelque chose de la vie littéraire, d'une vie littéraire en marge de cette institution (système des prix, de l'enseignement, de la recherche), qui ne sait souvent approcher la littérature qu'en tant que monument, que Nietzsche dénonce dans "De l'utilité et des inconvénients de l'histoire". Quand la mémoire des œuvres, des artistes et du raffinement dont est capable la littérature se trouvent marquées sur le corps de ceux et celles pour qui elle est importante, qu'ils la portent sur leurs épaules (littéralement comme vêtement), c'est l'individu et non l'institution qui en devient responsable. Et lorsque quelqu'un me confie qu'il a dû expliquer qui était Louis-Ferdinand Céline lors d'un voyage de pêche ; quand un Français va lire sur Saint-Denys Garneau après être tombé sur le Louis Ferdinand Céline Dion ; quand je fais découvrir la puissance de L'imagination laïque de Roger Des Roches à un prof de cegep à cause du t-shirt que je porte ; ou quand la madame du bureau de poste me demande de lui expliquer ce qu'est le tact, je me souviens alors pourquoi j'ai fait le deuil de cette chambre où je vis pour un genre d'atelier avec des pots d'encre partout, des raclettes et des soies de sérigraphie et des boîtes de t-shirts, et pour seul mobilier intime un coussin pour travailler, un lit pour dormir et une penderie pour le reste... Je suis mieux de m'en souvenir parce que je finis à chaque année 1000$ dans le trou. Autrement, c'est quand d'abord que je vais pouvoir sourire tendrement à mes petits-enfants en leur présentant une tôle à biscuits pleine de brioches de ciel bleu de chiots qui jouent dans mon bateau de Liberté 55?

Lien vers la boutique.

vendredi 16 août 2013

Le médaillon

À 10 ans, je ne vivais que pour Les Mystérieuses Cités d'or. J'aurais voulu partir avec les enfants de la série dans le grand condor, déclencher des mécanismes, voir des portes ouvragées en or massif s'ouvrir avec derrière des machines pas possibles. J'aurais tout quitté, ma famille, ma maison, mon existence confortable de garçon de la classe moyenne, si on m'avait révélé que cet énigmatique médaillon que j'aurais porté au cou depuis ma naissance faisait de moi le fils du soleil et l'héritier d'une civilisation engloutie.
Des dizaines d'années après, je n'ai pas de vrai travail, pas de maison, pas d'auto, pas la sécurité financière pour partir en vacances même au Québec. Je n'ai même plus de chambre, je l'ai transformée en atelier de sérigraphie avec un petit espace pour ma penderie et mon lit. Mais j'ai un médaillon qui contient un seul cheveu fushia de Vickie Gendreau qui me donne l'impression d'être l'héritier d'une lignée littéraire qui plonge bien au-delà de sa propre existence et de la mienne. Ça valait la peine de tout quitter pour ça
.

mardi 9 juillet 2013

Votre chance d'influencer Doctorak Co.

Je prépare tranquillement la nouvelle saison de Doctorak Co. et j'ai décidé d'essayer quelque chose de plus interactif. Voici des sondages destinés à tâter le pouuuulx.






Pas certain que le javascript de sondage soit au point.
1- Mille excuses pour les puuuuuubs.
2- ÇA FAIT MAL AUX YEUX TELLEMENT QUE C'EST LAITTE!
Mais quand on met nos yeux amateurs de design vernaculaire, ça fait web 2005, ça fait Kazaa, ça fait webcam sphérique, pis c'est limite quioute. Peut-être que je devrais faire un sondage sur cette question.

vendredi 5 juillet 2013

Plein de petits papiers

Je travaille sur mon prochain livre. Depuis un mois. Pratiquement à temps plein. J'en suis à l'étape du montage. J'ai commencé à travailler de cette manière il y a des années après avoir vu des photos de la salle de montage d'Arthur Lipsett à l'ONF. Plein de petits bouts de pellicule partout. Moi ç'a donné plein de petits papiers. J'en ai souvent parlé quand on m'a demandé de décrire ma manière de travailler, mais j'avais jamais documenté la chose.

 

(Désolé pour ceux qui sont sur chrome/chromium -- comme moi -- l'encodage vidéo de Vine marche pas présentement.)

samedi 27 avril 2013

Lecture publique du prochain livre de Vickie Gendreau


Cela se passait il y a deux mois. Vickie m'appelait pour me dire que sa tumeur était revenue. Tous ses amis, nous étions abattus. Nous savions ce que ça voulait dire: tellement, tellement moins de temps. J'ai interrompu la plupart de mes activités, j'ai fait le vide autour pour prendre le temps de digérer la nouvelle. Ce fut salutaire, sérieux.

Les médecins l'avaient prévenue que la chimio serait violente, qu'elle serait dure. Mais on n'est jamais vraiment préparé à ça. La médication qui empoisonne, qui donne l'air moribond. Au pire des traitements, plus rien ne fonctionnait. Le moral n'était plus là. Les textes que Vickie m'envoyaient étaient d'une noirceur désespérée et les symptômes de la tumeur ne semblaient pas vouloir repartir. C'est là, au pire des traitements, que les médecins ont décidé de les interrompre. À la mi-février, on lui avait donné un pronostic de 5 mois dans le pire des cas. À la fin mars, on évoquait maintenant quelques semaines.

Après qu'elle m'ait annoncé cela, j'ai dit à Vickie que je passerais chez elle préparer la suite. Je prendrais le contenu de son disque dur sur une clé USB, je ferais en sorte qu'on puisse construire plusieurs livres avec ça. Je lui ai dit qu'à la fin elle serait une grande auteure, qu'elle n'aurait pas à s'inquiéter de ça. J'irais chez elle, je remplirais la clé, on réglerait les détails plates et après on pourrait recommencer à chiller comme d'habitude, en écoutant une niaiserie, en dansant assis sur le divan, en regardant des gifs animés.

Nous avons fait exactement ça. Et c'est là sur ce divan que Vickie m'a demandé : "Peux-tu finir mon livre? Moi je suis pu capable. J'ai pu de concentration et il reste tellement de choses à faire." Ce livre, c'est son deuxième sur lequel elle travaillait depuis l'été. Elle m'a montré le travail : la moitié semblait prête. Le reste : des fragments épars. Je lui ai dit que j'écrirais le moins possible par-dessus ce qu'elle avait fait, que ce ne serait qu'un montage et que je ferais l'impossible pour ne pas trahir son écriture. Ce serait son livre à elle du début à la fin.

Je me suis lancé dans ce projet dès le lendemain. J'ai travaillé d'un trait. Quinze heures en deux jours. Il y avait des papiers partout dans la chambre, des piles de "finis", de "pas finis", de "à classer", de "peut-être". Je ne pense pas avoir déjà reçu un privilège aussi grand : pouvoir vivre aussi intimement dans l'imaginaire non seulement d'une écrivaine que j'admire profondément mais avant tout de ma meilleure amie, l'approcher cet imaginaire, en saisir peu à peu le mouvement, puis lui donner sa forme. Vers la fin, les fragments trouvaient d'eux-mêmes leur place, c'était exaltant. Et j'ai pu terminer le manuscrit. Presque pas l'air rabouté. Tout était déjà là. Un texte moins tragique que Testament, souvent drôle, avec des moments vraiment cons et des pages parmi les plus fortes qu'elle ait écrites.

Mais ça ne s'est pas terminé là. Oh non.

Je suis retourné quelques jours plus tard chez Vickie avec le manuscrit. Je voulais qu'on le regarde ensemble pour qu'elle l'approuve, pour ne rien avoir sur la conscience. Et je me suis retrouvé à le lui lire au complet. Toute la journée. Une des plus belles journées depuis des semaines. Les effets poison de la chimio s'estompaient, et de voir ainsi une sorte de premier jet qui se tenait... Vickie s'est remise à écrire. En une semaine elle a presque doublé le texte. Une sorte de miracle inespéré, comme l'été dernier avec Testament. Plus personne ne l'attend et paf la magie. La fucking magie. Elle s'est réappropriée complètement le manuscrit que j'avais monté. Dehors le raboutage, dehors la noirceur étouffante, balancée par plein de nouveaux morceaux fantaisistes qui ont trouvé leur chemin. Le dernier mois a peut-être été le pire physiquement pour elle, mais je peux dire que je l'ai vue heureuse. Peut-être pour la première fois de sa vie. Oui. Quand j'y pense, je ne retrouve pas de souvenirs d'elle heureuse à ce point.

"C'est mon vrai livre, Mathieu! Là je sais que je suis une vraie écrivaine! Avant on me le disait mais je le réalisais pas. Mais là! C'est meilleur que Testament parce que je suis vivante dedans! Je suis vivante!"

Peu d'oeuvres répondent à une véritable nécessité. On écrit souvent sans savoir pourquoi, parce que c'est encore ce qu'on fait de mieux. Mais le travail littéraire de Vickie répond, lui, à une nécessité: fourrer la mort en restant vivante malgré qu'elle soit toujours imminente, imprégner dans l'urgence ses propres souvenirs, sa saveur, son mouvement dans l'imaginaire des autres dans l'espoir de durer au-delà de sa propre existence. Faire en sorte qu'à la fin cette existence réelle et trop courte compte moins que cette existence écrite. Un backup sur Dropbox à 10% de batterie quand ton fil de recharge est pété.

Vickie sait qu'elle ne verra pas son lancement. Ni la réaction de ses lecteurs. Mais elle n'y pense pas. Elle prépare un autre livre. Avec des flamants roses et des danseuses. Elle disait qu'elle voulait écrire dix livres en dix ans. Maintenant c'est dix livres en dix jours. On verra.

Cependant, elle a eu une idée: une lecture publique. Comme c'est une princesse qu'un voile sinistre mais beau enveloppe, elle peut obtenir tout ce qu'elle désire. Elle a trouvé une directrice de production, des comédiens et même une salle. Tout le monde a accepté gracieusement de tout interrompre pour monter cette lecture publique dans un délai improbable.

Drama Queens sera donc présenté ce mardi à l'Espace libre, à 11h du matin. C'est tôt, une drôle d'heure pour du théâtre, mais c'est parce que Vickie y sera, pour une rare sortie publique. Tout le monde est invité. C'est gratuit, mais une contribution volontaire serait appréciée pour transformer les bénévoles en artisans. Elle voudrait une salle pleine. Qu'une salle pleine découvre Drama Queens. Pour ceux qui pensent que ce sera lourd, détrompez-vous, ce sera d'une beauté sans limite, je pense.

Drama Queens de Vickie Gendreau
Mardi, 30 avril 2013
Espace libre
1945 rue Fullum
11h (retardataires non admis)
Entrée gratuite (contribution volontaire)

Nous étions encore une fois sur le divan. C'était quelques jours après qu'elle ait terminé le manuscrit. On chillait, tout était correct. Puis elle s'est mise à pleurer. "Je laisse un héritage. Je suis heureuse."

samedi 16 mars 2013

Le gala c'est demain

Le 4e gala de l'Académie de la vie littéraire aura lieu demain. Pour finir de vous convaincre de venir entendre les lectures et voir du monde heureux, voici la liste des prix qu seront remis cette année.

François Blais se voit décerner le prix Clippy-le-trombonne-gossant-de-Word-2000
Sébastien Boulanger-Gagnon se voit décerner le prix Plage-de-Crystal-Fighters
Fabien Cloutier se voit décerner le prix Patrice-Brisebois
Marie-Ève Comtois se voit décerner le prix The-Skin-I-Live-In
Shawn Cotton se voit décerner le prix Cotton-Ale
Geoffroy Delorey et Nicolas Lachapelle se voient décerner le prix Décalice-Ma-Maison-Rona
Charles Dionne et Fabrice Masson-Goulet se voient décerner le prix Febreeze-Masson-Dionne
Julie Doucet se voit décerner le prix Mieux-qu'Annick-Jean
Vickie Gendreau se voit décerner le prix Marc-Antoine-K.-Fennec
Jean-Philippe Martel se voit décerner le prix Karl-Hardy
Stuart Ross se voit décerner le prix Exist-Through-The-Gift-Shop
Maude Veilleux et Guillaume Adjutor Provost se voient décerner le prix Ferrero-Rocher-Percé

Et voici en exclusivité une photo des trophées, qu'on a fini de coller avant-hier.


Dimanche, 17 mars 2013
Club Lambi 4465 St-Laurent (coin Mont-Royal)
Porte: 19h
Gala: 20h
Prix: 5$
Accompagnement musical: Propofol 2/3
DJ: Annie Q

Marie-Ève Comtois, Je te trouve belle mon homme

La poésie de Marie-Ève Comtois reprend la formule l'intimisme des années 80, celui de François Charron, d'Élise turcotte et de tant d'autres. Mais elle arrive à une époque où l'ancrage dans la réalité du monde, le quotidien ordinaire, les intérieurs rangés de la demeure sont devenus des rêves inaccessibles. L'époque de Je te trouve belle mon homme est celle d'un décalage perpétuel par rapport à la réalité, celle des antidépresseurs et de sa subjectivité coupée du présent immédiat. La voix du recueil n'arrive à parler que d'une voix étrangement modulée, faussement naïve, faussement insouciante, meublant par des images farfelues cette difficulté de franchir cette distance qui nous sépare désormais de autres. Et malgré cela, la poésie de Comtois reste enjouée, drôle même et forte d'une ironie sourde et ambiguë qui n'arrive à révéler la lassitude de vivre qu'en faisant mine de la cacher.

Marie-Ève Comtois, Je te trouve belle mon homme, Écrits des forcges, 2012.

François Blais, Document 1

Il ne serait peut-être pas exagéré d'affirmer que Document 1 découvre un univers qui a jusqu'ici échappé à notre imaginaire collectif : celui des marginaux geeks qui vivent sur leur ordinateur cette existence prospère en expérience et en culture qu'ils n'auraient jamais les moyens de se payer. Pourquoi cette figure pourtant répandue dans notre société se découvre-t-elle à nous dans un roman et pas au cinéma ou à la télévision? Parce que le roman semble encore à l’abri de cette dictature du droit d’auteur qui attire la censure des marques de commerce, des noms de produit, et d’oeuvres, de toute cette culture marchande que s'approprient les personnages de Blais qui n’en ont rien à faire parce qu'ils n'ont rien à perdre. Ils s'abîment joyeusement dans l’information parce qu'ils ont le temps que plus personne n'a les moyens d'avoir.

François Blais, Document 1, L’Instant même, 2012.

vendredi 15 mars 2013

Vickie Gendreau, Testament


6 juin 2012. Vickie m'a appelé quelques heures auparavant pour m'annoncer ce que je redoutais le plus : c'est une tumeur cérébrale, elle est inopérable. J'appelle Éric de la Rochellière, directeur du Quartanier, pour qu'il donne une chance à son manuscrit, qui n'est qu'à moitié terminé. J'arrive difficilement à parler. Il lui reste peut-être peu de temps, si le livre sort rapidement, elle pourrait vivre son lancement. Je sais que je suis trop proche de ce livre pour être objectif à son sujet, mais je sais aussi qu'il est plus important pour moi que ceux que j'ai écrits jusqu'à maintenant. C'est pour moi un bonheur qu'il soit acclamé par d'autres.

Vickie Gendreau, Testament, Le Quartanier, 2012

Photo: Jade Robinson

mercredi 13 mars 2013

Charles Dionne & Fabrice Masson-Goulet, Poème Sale

Les revues littéraires papier ont de la difficulté. Et que dire des revues de poésie? Pire encore. Si on nous avait dit il y a six ans à peine que nous verrions un jour apparaître non seulement une revue mais un magazine complet de poésie à parution régulière, on aurait juste ri. Puis nous serions allé à la fenêtre regarder au loin en silence. Poème sale a commencé comme un blogue dédié à l'annonce d'événements littéraires. Rien de neuf. Mais leurs auteurs ont fait plus qu'annoncer, ils sont allés à presque tous les événements, ont rencontré les auteurs, gagné leur confiance et le blogue a pris peu à peu l'allure d'un véritable magazine, avec poèmes, éditoriaux, dossiers thématiques. Et surtout, ils attirent maintenant des poètes que personne ne connaît encore. Ce qui n'est pas rien pour nous, incorrigibles mondains, qui connaissons déjà tout le monde.

http://poemesale.com/http://poemesale.com/

Geoffroy Delorey et Nicolas Lachapelle, Pavé et mémoire


On a pu voir paraître, quelques mois à peine après le "printemps érable", plusieurs dossiers spéciaux, d'essai ou de fiction, qui tentaient de comprendre et raconter l'événement. Plusieurs mémoires de maîtrise porteraient même présentement sur le sujet. Mais même si chaque publication essaie consciencieusement d'éviter les pièges, l'effet de masse ne peut produire au final qu'une sorte d'institutionnalisation instantanée qui, faute de distance suffisante, tourne plus souvent qu'autrement à la célébration et la folklorisation, à la séparation de la praxis qui engage complètement l'individu et de son récit qui n'engage que sa parole.
Pavé et mémoire consiste en 36 pages reliées par quatre boulons à une véritable brique rouge qui en constitue le centre. Une "brique littéraire", un texte "lourd", une lecture potentiellement "assommante"... Les métaphores s'agglomèrent autour de cet objet, mais n'arrivent pourtant pas à l'épuiser, à en atténuer la singularité. Car cet objet est incriminant, il pourrait être considéré comme une arme lors d’une fouille policière et il incarne pour cela toute l'ambiguïté  propre aux dérapages idéologiques apparus dans l'espace public au printemps 2012 lorsqu’une marque militante, une oeuvre politiquement engagée pouvait entraîner une arrestation et une détention arbitraires. Pavé et mémoire en parle : nous avons vu pointer un instant chez nous l'ombre du totalitarisme qui confond la violence et la critique, la dissidence et la délinquance. Et c'est ce souvenir terrifiant qui donne à la brique sa lourdeur, sa pesanteur terrible. Elle conserve par sa matérialité même ce quelque chose d'engageant, de risqué, qu'aucuns des textes publiés dans les mois qui ont suivi le printemps 2012 n'ont su préserver.

Geoffroy Delorey & Nicolas Lachapelle, Pavé et mémoire, Coopérative d’édition en jachère, 2012

mardi 12 mars 2013

Stuart Ross, You Exist. Details Follow


Il y a de ces gens qui ont des poèmes dans leurs veines. Pendant plusieurs années, Stuart Ross vendait ses recueils dans la rue. Il est aussi un activiste de la vie littéraire et un amoureux de la petite édition. Son plus récent recueil, You Exist. Details Follow, nous plonge dans l’univers que Ross nous laisse découvrir de livre en livre depuis des années, à la fois intimiste et peuplé. Ce sont des poèmes hachurés, surréalistes et pourtant remplis de réel. Ils prennent à la gorge et creusent des sillons jusqu’à ce que nous nous laissions toucher, qu’on apprenne enfin à respirer autrement.

Stuart Ross, You Exist. Details Follow, Anvil Press, 2012.

Texte: Catherine Cormier-Larose

lundi 11 mars 2013

Julie Doucet, 99-Plus Suicide Projects


Julie Doucet a déjà été une figure mondiale de la bédé underground. Puis elle a décidé de quitter l'intimisme trash qui caractérisait Dirty Plotte. Elle avait ses raisons. Sa pratique est maintenant complètement à l'opposé. Il n'y a plus de dessins, plus de récit, plus de quotidien, plus de marque subjective. Seulement des poèmes parfois énigmatiques, à l’humour souvent très noir, faits par collages de mots découpés dans des magazines d'une autre époque. Comme d’étranges lettres de rançon. Comment survivre au trash, à l'autobiographie? Des dizaines de poètes et de bédéistes se poseront tôt ou tard cette question lorsque la lassitude aura fini de précipiter la manière dans le cliché. En se réinventant ainsi, Julie Doucet apporte sa réponse et ouvre peut-être encore une fois la voie.

Julie Doucet, 99-Plus Suicide Projects, Mille Putois, 2012.

Jean-Philippe Martel, Contributions à Littéraires après tout

Malgré ce qu'on pourrait croire, la liberté d'expression n’est jamais assurée. Bien sûr, nous avons aboli la censure bourgeoise effrayée par le sexe, la profanation des tabous et la dépravation, mais vaincre l’autocensure et nommer les gens réels dans un milieu aussi restreint que celui du monde littéraire québécois, les mettre en scène, les parodier, demande un certain courage, une certaine insouciance que peu d'écrivains ont eu jusqu'à maintenant. Jean-Philippe Martel ne rate pas les vedettes littéraires des grands comme des petits médias, et les jours où les textes paraissent en ligne, on croit même parfois entendre en temps réel les grincements de dents de tant d'auteurs susceptibles. Un réel plaisir qui démontre hors de tout doute qu'il y a bel et bien aujourd'hui une vie littéraire et qu'elle est assez solide pour savoir donner assez de liberté à ceux qui lui permettent de rire d'elle-même.
Jean-Philippe Martel, Contributions à Littéraires après tout.

dimanche 10 mars 2013

Fabien Cloutier, Sacrifice

En tant que portrait de groupe, Sacrifice rappelle l'amalgame cher à Michel Tremblay des mythes grecs et du petit peuple. Ce sont ici les Ménades déchiquetant Orphée qui sont évoquées par ce public anonyme et sinistre des radios poubelles qui descend dans la rue pour lyncher les joueurs du Canadien après une défaite de trop. L'intrigue peut paraître anecdotique et légère, mais la langue violente et vulgaire que Cloutier invente et déploie nous met en contact avec cette partie sombre de l'identité québécoise que nous préférerions ignorer, cette tentation honteuse de l'extrême droite et du totalitarisme qui reparaissait partout au printemps 2012. Au moment de cette crise politique, l'humour profanatoire de la pièce donnait alors au public le minuscule décalage qui rendait supportable cette confrontation pourtant nécessaire.

Fabien Cloutier, Sacrifice, Le Monstre sacré, Zoofest et Québec, 2012.

Photo: Simon Douville

vendredi 8 mars 2013

Maude Veilleux et Guillaume Adjutor Provost, Automne ton cul


Un fanzine de poésie a besoin de peu de choses pour être réussi. Il n'est pas obligé d'être long, pas obligé d'avoir une mise en page impeccable ou d'être un chef-d'oeuvre d'impression. Mais il doit être cohérent, faire émerger un rapport au monde. Comme une sorte de bravade lancée à la face de toutes les publications soignées, à tous ces poètes à l'écriture inutilement ornée ou à l'imaginaire désincarné, Automne ton cul plonge à l'essentiel en décontextualisant des extraits de journal intime d'une adolescente et accède sans difficulté à une sorte de fantaisie crue et légère. Comme flotter à quelques centimètres à peine au-dessus d'un monde sec et violent. 

Maude Veilleux et Guillaume Adjutor Provost, Automne ton cul, C'est beau escabeau, 2012.

mercredi 6 mars 2013

Sébastien B Gagnon, Disgust and revolt poems mostly written in english by an indépendantiste


Il y a quelque chose de rudimentaire, de presque chambranlant même dans la syntaxe anglaise de Sébastien B Gagnon. Cette langue est simple mais elle n'est ni naïve ni fragile, car elle revendique dans la langue du pouvoir le droit d'exister non seulement de ceux qui parlent français mais toutes les autres langues. Ce petit recueil qui emprunte son format au passeport canadien n'est pas que poésie indignée. Il nous ramène à l'essentiel, à cette envie primale de déclamation poétique. On imagine Seb nous le chuchoter aux oreilles puis nous amener au Belvédère du Mont-Royal pour que même le plus rustique des moustiques soit au courant de la révolution qui se trame.
(texte: Mathieu A. et Vickie G.)

Sébastien B Gagnon, Disgust and revolt poems mostly written in english by an indépendantiste, Rodrigol, 2012.

lundi 4 mars 2013

Shawn Cotton, Les armes à penser

À 17 ans, Shawn Cotton évoquait de manière troublante Rimbaud, précoce et génial dans les pages du fanzine Steak haché que dirigeait Denis Vanier. Quelques années plus tard, Rimbaud est toujours là dans les textes des Armes à penser, avec Ginsberg et Kerouac. Sans parodie, sans simulacre, sans pastiche, les poètes du dérèglement de tous les sens se tiennent debout dans notre époque grâce à cette exigence commune que Cotton entretient à l'égard de la poésie, dans ses textes comme partout ailleurs dans son existence.

Shawn Cotton, Les armes à penser, L'Oie de Cravan, 2012.

(Merci à Pierre du Marché aux puces St-Michel pour le décor.)

samedi 2 mars 2013

Le gala de l'Académie de la vie littéraire au tournant du 21e siècle s'en vient


Tout est en place pour le 4e gala de l'Académie de la vie littéraire. Les lauréats apparaîtront sous peu ici. D'ordinaire j'aime bien faire ma petite farce de pourquoi j'aurai pas de prix cette année, je fais une petite mise en scène de discussions imaginaires entre Catherine, Vickie et moi. Mais ce ne fut pas une année facile. La maladie de Vickie nous a terriblement affectés. Nous avons cependant tenu le coup. C'est, il me semble, la seule chose qui vaut la peine d'être dite.

Mais nous avons laissé de côté notre souffrance et notre tristesse, et nous avons comme à chaque année sacrifié nos projets personnels pour ce gala et ces cartes que nous devons financer de notre poche. On est cons comme ça. Pourquoi? Plus que jamais nous sentons que les autres prix, les prix de poésie en particulier, passent à côté de notre époque. Ces auteurs que nous récompensons, qui publient dans les petites maisons d'édition ou qui s'éditent eux-mêmes dans des fanzines ou sur les blogues, ces auteurs font paraître non seulement des oeuvres d'une qualité incomparable, mais beaucoup d'entre eux réalisent présentement une chose qu'on considère souvent impensable en littérature québécoise : ils sont lus et pas seulement par leurs amis et leurs collègues. Ils prennent les influences de leurs contemporains et en marquent d'autres à leur tour. Cest ça la vie littéraire. Et notre pauvre littérature connaît plus le vide que la vie. C'est la raison pour laquelle il faut tout faire pour la saisir quand elle se manifeste et en profiter le plus possible. Car elle est souvent trop courte.

Huh. J'ai l'air emo là, mais on va quand même avoir le gros fonne de la vie au gala. Pour fourrer la mort.

Page Facebook de l'événement: https://www.facebook.com/events/146176785542960/

Détails du gala
Dimanche, 17 mars 2013
Club Lambi 4465 St-Laurent (coin Mont-Royal)
Porte: 19h
Gala: 20h
Prix: 5$
Accompagnement musical: Propofol 2/3
DJ: Annie Q

jeudi 17 janvier 2013

Reprise de Vu d'ici à Montréal

Au moment où je terminais Vu d'ici, nous avions deux gouvernements conservateurs minoritaires, au fédéral et au provincial.
Depuis la sortie de Vu d'ici, nous avons vécu une petite Noirceur quand les deux partis les plus antidémocratiques depuis 50 ans, conservateur et libéral, on acquis une majorité et systématiquement encouragé le saccage de la vie publique en exacerbant les opinions radicales pour mieux détourner les fonds et le pouvoir du côté du capital privé.
Depuis la sortie Vu d'ici, nous avons vécu aussi un réveil que plus personne n'attendait, celui du peuple qui, contrairement à ce qu'en disent les politiques, cesse d'être une idée reçue uniquement lorsqu'il descend dans la rue et actualise sa masse hors de toute virtualité.
Depuis la sortie de Vu d'ici, nous avons aussi vu disparaître la télévision à ondes hertziennes signal analogique, c'est-à-dire la dernière illusion d'une télévision gratuite et populaire, base du ciment culturel et informationnel et toute une génération et par là, de toute une époque. La fin de ce moyen de transmission n'en est évidemment pas la cause, peut-être plus le symptôme d'un média qui pourrira encore un temps l'opinion publique par sa dévotion intenable à la notion de spectacle, mais qui est aujourd'hui définitivement entré dans l'époque de son déclin.
Cinq ans seulement se sont donc écoulés depuis la parution de Vu d'ici. D'un certain point de vue peu de choses ont l'air d'avoir changé. La télé est restée égale à elle-même, les vedettes et les émissions sont souvent les mêmes et toujours formatées dans le même format. Mais en politique comme dans les formes médiatiques, toute une époque a passé. Est-ce que Vu d'ici a tenu le coup? Le texte représente-t-il encore les préoccupations, les déceptions et les aspirations actuelles ou a-t-il déjà commencé à devenir une sorte de document pour une certaine époque, un état d'esprit dont nous sommes en train de sortir? Pour se faire une idée, La Chapelle et Le théâtre Péril ont généreusement accepté de remonter la pièce presque à l'identique, près de quatre ans et demi après la première de septembre 2008.

Ça se déroule du 22 au 26 janvier. Si vous ne l'aviez pas encore vue, dépêchez-vous d'acheter vos billets parce que c'est probablement votre dernière chance EVER.

Vu d'ici
Théâtre Péril/Christian Lapointe
Théâtre La Chapelle
du 22 au 26 janvier
Pour réserver

 Je ne saurais vous conseiller assez de vous y gorrocher.