Les normes sociales sont cruelles à l'égard de ceux qui s'en écartent, et de toutes les normes la plus insidieuse est peut-être celle d'avoir des enfants. Si retarder leur conception peut encore passer, la décision de ne pas en avoir est l'occasion d'un harcèlement subtil des proches comme des étrangers. Les choses qu'on peut se faire dire, c'est terrible. Mais le pas de côté permet aussi de constater la violence normative qu'on exerce sur les nouvelles mères comme sur les mères à venir et dont on cherche à raboter toute singularité. C'est ce que met en scène l'album Quoi de plus normal qu'infliger la vie? d'Oriane Lassus. Le style de Lassus, une sorte de croisement complètement organique entre le cubisme et Ralph Steadman, donne l'impression d'un extra-terrestre perpétuellement stupéfait de constater comment les humains vivent. C'est ce style qui permet au propos de Lassus de demeurer drôle et décalé sans faire de compromis sur la gravité du sujet.Big up enfin au travail d'adaptation de Vincent Giard et Sophie Bédard du texte français original vers une version locale qui cherche à construire une sorte de registre populaire au français international.
Oriane Lassus, Quoi de plus normal qu'infliger la vie?, La mauvaise tête, 2016, 68 pages
Le gala a lieu ce dimanche à la Sala Rossa
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