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dimanche 7 juin 2009

Le simulacre de Disneyland

Je suis tombé il y a quelques jours sur un reportage japonais portant sur un simulacre chinois de Disneyland.



En fait, il s'agit véritablement d'un simulacre et non d'une copie à l'identique puisque les personnages comme les manèges sont une copie véritablement appauvrie de l'original. Ainsi, à en croire la description de la vidéo sur Youtube, la mascotte ne s'appelle pas Mickey mais "le chat aux grandes oreilles" et les sept nains qu'on peut voir dans le vidéo sont vraiment des distorsions laides et comiques des concepts originaux. Il sont vraiment AFFREUX!

La Chine, c'est vraiment fou parce qu'elle produit constamment des image déformées de la culture commerciale occidentale. Des copies cheaps, on trouve rien que ça dans les Dollarama, mais dans ce cas-ci les moyens de production de cette image rivalisent avec ceux de l'Occident. Tous les clichés s'y trouvent reproduits à une échelle à peine réduite, comme cette réduction à l'absurde de la ville de Paris en banlieue de Hangzhou, un quartier entièrement habitable de 2000 logements destinés aux nouveaux riches chinois.

Ces copies sont-elles intentionnellement dégradées? On peut toujours le penser, on peut penser que pour les Chinois les critères de similitude sont peut-être différents des nôtres, mais il est plus intéressant de penser que l'affront esthétique que constitue pour nous cette dégradation parce qu'il donne à voir un monde d'images où il n'y a plus qu'une différence de degré entre l'original, la copie de l'original et cette copie de copie, ce simulacre vidé de son identité. Le simulacre détruit toute forme d'authenticité et nous laisse devant la perspective que la forme originale n'avait pas elle-même d'authenticité, de singularité, de valeur. Si les Chinois d'aujourd'hui sont bien les enfants de l'anti-capitalisme de Mao, peut-être ce travail
de dégradation systématique des signes de la consommation mondialisée est-il intentionnel. Le faux Disneyland fait apparaître qu'il n'y a pas de lien réel entre les mascottes des sept nains et les sept nains du dessin animé de Disney, mais seulement un moyen arbitraire de profiter du film original. Mais s'il n'y a aucun lien entre les mascottes et le film, il n'y a peut-être pas de lien non plus entre le film de Disney et le conte original; le film était peut-être aussi dès le départ une stratégie commerciale pour profiter du classique des frères Grimm. L'idéalisme platonicien est sur le point de vaciller

Il est d'ailleurs pertinent à ce sujet de constater comment the Walt Disney Company se trouve justement au coeur juridique de cette question de l'idéalisme platonicien comme fondement de la culture occidentale. Ils sont en effet parmi les principaux responsables de l'adoption de la loi américaine d'extension du terme des droits d'auteur, dont le détail et les ambiguïtés permettent une extension potentiellement infinie de la propriété intellectuelles des compagnies sur les images et les concepts qu'ils possèdent. Avec Disney, le domaine public n'existe plus ou seulement pour les oeuvres orphelines et sans valeur. Mais avec le développement des moyens de productions individuelle qu'a permis l'informatique personnelle, ces dispositions abusives sont de plus en plus inapplicables puisque les parodies sont partout et qu'il n'est tout simplement plus possible d'intenter des poursuites pour chacun de ses accrocs à l'intégrité de la propriété intellectuelle des images.

Mais le plus bizarre pour moi dans le petit vidéo du faux Disneyland, c'est quand même de voir (à 33 secondes du début) durant un court instant passer une fanfare déguisée en... Couac des Oraliens!? Copier Disney ok, mais wo! pourquoi les Oraliens?


4 commentaires:

Patrick a dit…

Peut-être que, en raison d'une différence métaphysique, la Chine se trouve à être beaucoup plus capitaliste que les capitalistes [occidentaux] eux-mêmes, puisque la "culture" y devient une marchandise aussi fongible et meuble que du café ou du sel. De fait, leur point de vue sur la chose semble être matérialiste au point d'irriter le commerce cognitif.

Enfin. Chouette réflexion.

Et pis, vous avez remarqué que les mascottes se tiennent toutes la tête? Il y a peut-être une petite amélioration à faire au chapitre des costumes... Copie ou non.

Doctorak, go! a dit…

Il faudrait peut-être un autre nom que "capitalisme", ou trouver un attribut à ce capitalisme. Parce qu'en niant dès le départ toute notion de propriété intellectuelle, tout devient comme l'exploitation commerciale d'un matériau public.

Elles se prennent la tête! J'avais pas vu!

Sébastien Desrosiers a dit…

Le code des mascotte demande de ne jamais enlever sa tête en public; ça vaut pour toi aussi Simplet!

Le personnel ne peut cacher le malaise qui émane du simulacre. La parade fera dure, c'est certain... ichhh

marie pop a dit…

mais c'est genial ...
en plus disney pique aussi les thèmes des autres pour faire ces films et les histoires de grimm ou andersen se retrouvent labellées "disney" ... alors c'est bien fait pour lui ! Na !