On me permettra j'espère de déroger de cette contrainte de ne présenter que des publications parues en 2010, mais c'est pour une raison valable: 2010 a été l'année où Geneviève Desrosiers a véritablement pris sa place dans la poésie québécoise. Je n'ai peut-être entendu son nom pour la première fois que cette année, mais ce fut par cinq personnes différentes, aussi fascinées par son destin tragique que par sa poésie singulière justifiant le statut de plus en plus culte qu'on lui attribue. La poésie de Geneviève Desrosiers, bien sûr, n'est pas que cela. On reste frappé par l'originalité et l'actualité de son humour ironique qui la fait sacrer, faire des fautes d'orthographe et parler de bains sales, de Passe-Partout et d'enfants fourrés comme des gâteaux à la crème. Mais elle installe aussi ces images en équilibre précaire sur un arrière-fond insaisissable et inquiétant qui lui donne toute sa gravité. Les circonstances ont placé son oeuvre sur la même étagère que celles de Louis Geoffroy, Huguette Gaulin et Josée Yvon, figures discrètement mythiques de la poésie québécoise dont la fascination qu'elles suscitent travaillent en secret la poésie peut-être plus efficacement que ces poètes consacrés par l'histoire littéraire que la surexposition épuise souvent plus qu'elle ne les maintient dans l'actualité de la mémoire.
Geneviève Desrosiers, Nombreux seront nos ennemis, L'oie de Cravan, 2006, 110 pages.
1 commentaire:
Elle est géniale, ta série. collègue. En plus, cette générosité, à une époque où le retour d'ascenseur fait office de relique dont on ne sait même plus à quoi ça pouvait servir… Sois béni par la rosée. Ou un machin comme ça.
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