Pas de récit, pas d’intrigue. Parce que l'écriture de Naomi Fontaine, derrière son calme apparent, résiste d’une manière acharnée. Elle résiste à la tentation du trash qu’elle observe pourtant de très près. Les caisses de 24, les pilules d'ecstasy, les maisons laissées à l'abandon sont comme des bêtes qui rôdent autour des enfants insouciants. Elle résiste aussi à la tentation de se replier complètement sur la nostalgie du bois, de la chasse, de la vie nomade. Kuessipan essaie plutôt par son écriture fragmentée de rapiécer un espace où l'avenir redevient possible pour les Innus, en rassemblant une à une des images que font tenir ensemble les figures de la mère et de l’enfant, qui portent sur leurs épaules le poids de tous les récits à venir.
Naomi Fontaine, Kuessipan, Mémoire d'encrier, 2011
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