Comme pour toutes les grandes œuvres de l'humour, le rire d’Une vie inutile court en surface d’une époque désastreuse, la nôtre. Elle n’est plus l’époque des tensions sociales exacerbées d’Yvon Deschamps, ni celle de la vie absurde et sans fondement métaphysique des Voisins de Claude Meunier. Cette époque est plutôt celle de la peur et du mépris désintéressé des autres, de la misanthropie nonchalante. Incapable de s’intéresser aux hommes comme de vouloir leur perte, le narrateur d’Une vie inutile se maintient hors de leur compagnie en sautant d’une réflexion saugrenue à l’autre, laissant sa pensée apathique s’embourber dans les détails farfelus de l’existence, parlant comme pour combler le vide d’actions terribles et potentiellement destructrices, et goûtant ce malaise de notre époque sans doute moins dommageable que la tempête qu’il présage et qui ne viendra, on l’espère, jamais.
Simon Paquet, Une vie inutile, Héliotrope, 2010.
2 commentaires:
Ma foi, que voilà un excellent paragraphe.
Palsangbleu,jouissez de la paix!
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